Ce qui était en attente le restera encore un peu.
Tout est flou. Plus encore, d'ailleurs.

Ce que je soupçonnais depuis des années, s'est révélé exact. Et ça m'a fait mal. Pour elles. Bien qu'elles semblent heureuses. Mon intuition l'avait deviné, malgré les apparences extrêmement trompeuses. Vivre une semaine chez elle a confirmé les doutes que je pouvais avoir.
La relation qu'entretient Bianca Castafiore (à qui j'attribue un nouveau nom de code, puisqu'il s'agit de ma prof de chant) avec sa "colocataire" (sic). Je comprends la difficulté qu'elle a à l'assumer. Et ça me fait de la peine. Pour sa compagne, surtout. Parce qu'elle semble le vivre assez mal. Tout semble tabou.

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. Ce ne sont pas des choses à avouer. Elle a parfaitement le droit de le garder pour elle. Et heureusement. Seulement, là, elle semble vouloir cacher la situation. Comme si elle était honteuse. Je sais bien qu'elle a un statut à maintenir. Des élèves dont elle craint les réactions. Mais ça me parait tellement lourd et douloureux. Je l'ai sentie libérée de voir que nous avions saisi. Et surtout soulagée que ça ne nous pose pas de problème. Tout ça dans le non-dit, évidemment. Le sujet n'a jamais été évoqué.

Si je parle de ça, c'est parce que je me suis demandée pourquoi je n'avais pas pu parler de Jolene. Si c'était l'occasion qui avait manqué. Ou bien seulement ma réserve habituelle. Ou enfin ce tabou malsain et sourd qui ne m'autorisait pas à être tout à fait moi.
Et je ne peux pas m'empêcher de m'en vouloir. C'est malhonnête. Envers Jolene, peut-être. Envers moi-même, surtout.

Je n'ai pas pour habitude d'étaler ma vie sentimentale. Mais s'ils m'avaient posé des questions, qu'aurais-je répondu ? C'est cette seule incertitude qui me tourmente. Je suis incapable d'y répondre. Et c'est une raison suffisante pour me sentir mal à l'aise.