C'est le foutoir dans mon crâne. Émotions, sentiments, réflexions et raison se mêlent dans une joyeuse cohue.
Alors je me tais. J'évite le sujet.
Longs silences. A se bouffer du regard.

Moi qui voulais tirer un trait sur le passé. Ma vie parisienne. Elle m'oblige à laisser un bout de moi ici.
Fuir ne me mênera à rien. J'aurais aimé, pourtant.
Je m'invente des excuses. Par rapport à elle. Par rapport à moi. J'ai conscience de. Même si je l'écris.

Quoique je fasse, je m'en voudrai.
Grandir.
Se dire que ça ne tiendra pas. Avoir peur de. Perdre le contrôle. Parce que c'est aussi son problème. Me tromper. Sur ce que je lis dans son regard. Déception. Trahison. Chat échaudé craint l'eau froide.
Sauf que. Jolene n'est pas Tarabas. Elle n'est pas aussi fourbe, ni aussi torturée. Elle n'est pas aussi avide d'attention. Elle ne me consomme pas.
Et je m'étonne d'être aussi lucide. Même si je doute de pouvoir / savoir / vouloir lui résister s'il revenait dans ma vie. Heureusement pour mon équilibre psychologique, il ne semble pas en avoir l'intention.

Mais j'ose l'avouer du bout des doigts, j'en souffre. Parce qu'il me manque encore. Pour tout un tas de raisons. Parce que je l'aime encore. Lui ou son souvenir. Parce qu'il possède une partie de moi. Dont j'ai du mal à faire le deuil. Parce qu'il pourra faire ce que bon lui semble des souvenirs qui m'appartiennent pourtant à moitié. Parce qu'il représente un idéal de relation. Sans lequel j'aurais du mal à me réaliser. Parce qu'un foutu phénomène d'attraction, indescriptible et incompréhensible, me pousse vers lui sans que je ne puisse y faire quoique ce soit. Parce que personne d'autre ne m'a retourné les tripes. Parce que son odeur. Sa peau. Parce qu'il m'a constamment attirée. Parce que, finalement, j'ai aussi besoin d'être au plus mal pour me sentir vivante. Exister. Créer. Ressentir. Avancer. Dans la bonne direction.

Parce qu'il faut que je l'accepte. Ça fait partie de moi. Cette impression de marcher sur un fil. Ce besoin d'être excessive. Autodestructrice. C'est comme ça que j'ai toujours fonctionné.
Certes, ça m'a surtout freiné. Mais si je n'étais pas passée par toutes ces phases. Si je n'avais pas frôlé. La folie. La mort aussi. Je ne connaitrais pas aussi bien la personne que je suis devenue. Elle serait d'ailleurs passive. Moins affirmée. Moins vivante.
Il y a de grandes chances pour que je finisse cinglée. Et ça me convient parfaitement. J'ai besoin d'aller au bout de. Moi-même. Entre autres.