Donc. Je ne me retrouverai pas à la rue. Dans le Grand Nord Hostile. Puisque j'ai les clés de ma nouvelle tanière. Et une nouvelle colocataire. A qui il faudra trouver un nom de code. Tout semble parfait.

A un détail près. Il se trouve que l'immeuble est ancien. Et que les propriétaires, lorsqu'ils ont entièrement refait l'appartement, il y a deux ans, ont eu la bonne idée d'installer un sanibroyeur. Ouais ben j'ai complètement les pieds sur terre. Pour une idéaliste. Surtout quand on sait ce qui m'a fait pencher pour cet appart, sinon de ne pas réellement avoir le choix. Il est situé à deux rues du supermarché. J'ai un côté très pragmatique. Qui me surprend.

Sauf qu'évidemment, mes angoisses ne se sont pas dissipées pour autant. Ce serait trop simple. Le géniteur de ma future coloc' est un peu trop envahissant. J'ai parfois l'impression d'emménager avec lui. Et puis, je me retrouve à vivre avec une fille. Je ne sais que trop bien comment fonctionnent ces bêtes-là. Et surtout, je vais presque être obligée de faire le ménage. Mon charme n'opérera plus.

S'il n'y avait que l'appart. Je tourne autour du pot. Je suis terrifiée à l'idée de recommencer un nouveau cursus. Une fois encore. Je suis terrifiée à l'idée de ne pas trouver de stage avant même d'avoir commencé à chercher. Je suis d'ailleurs terrifiée à l'idée de commencer à chercher. Je suis terrifiée à l'idée de me planter. Une fois encore.
Tout simplement, je suis terrifiée à l'idée de faire des choix.

Jusque-là, j'ai joué sur tous les plans. J'ai toujours refusé de m'engager dans quelque domaine que ce soit. Dilettante. Il n'y a pas vraiment d'autre mot. Nonchalance, procrastination, curiosité. Un peu de tout ça.
Et puis Jolene. Un anniversaire de plus. Un coup de tête. Un départ.
Conclusion : Je suis morte de trouille.

Je me ferai violence, mais j'avancerai.