Pas un seul carton de fait. Et toujours à ramper de soirée en pique-nique, de pique-nique en ciné, de ciné en apéro, d'apéro en concert, de concert en soirée, de soirée en after. Hum.

La despote me signale que je ferais bien de m'affoler.
On charge le camion lundi soir ? Oh, j'suis large.
Des lessives à faire, de la vaisselle à laver. Avant de ranger le tout, soigneusement. Des meubles à vider. Un appart à nettoyer. Facile. Je te fais ça en une journée, avec une gueule de bois monstrueuse en option. Ouais bon, sauf pour la lessive. Il faudrait lui laisser le temps de sécher.
Ah non, demain, je peux pas, je vais pique-coler. Du début d'aprème au premier métro. Ecourter ? Tu n'y penses pas, je ne vais pas les revoir avant au moins... un mois pour certains, six ou neuf pour d'autres. Je dramatise ? A peine.

De toute façon, je finirai par mettre en boite mes cinq ans de colocation parisienne, et je tasserai avec les restes des années passées chez mes grands-parents et les archives qui trainent encore dans mon ancienne chambre, qu'occupent actuellement la despote et son époux.

Je déteste les déménagements, parce qu'ils nous forcent à se prendre le passé dans la gueule. On retombe forcément sur des morceaux de notre vie qu'on avait bien fait d'oublier.

Et puis, c'est l'occasion pour l'entourage de te refiler tous les trucs dont ils veulent se débarrasser. Sous couvert d'un sacrifice. Non, je ne récupérerai pas l'atroce nappe à motif fruits de ma despote. Je ne récupérerai pas non plus tout l'électro-ménager encombrant dont elle ne s'est jamais servi. Ni ce service à café encore bien emballé, tant il est d'un goût douteux. Ni cette étagère. Ni ses vieux draps délavés aux imprimés seventies. Ni cette lampe.
Et j'assume totalement mes goûts de luxe. Qui n'en sont pas réellement. Quoiqu'il en soit, si ça peut vous faire plaisir, j'assume.

A croire que je m'installe pour la première fois seule (ou presque). Dans la tête de ma despote, c'est un peu le cas. On ne reviendra pas là-dessus. Bien que ça m'agace.
Je n'ai pas vécu en camping, j'avais des meubles, et tout le confort, d'ailleurs. Je me suis bien débrouillée toute seule (ou presque). Mémorables retours à pieds de chez l'ami suédois, qui habite toujours au bout du monde de la banlieue parisienne, pas du tout accessible. Une table sous le bras, un grand sac bleu bien rempli dans chaque main. Des escaliers de RER à descendre et à monter, des bus bondés où il faut réussir à tout caser. Bref, je crois que j'ai réussi à me débrouiller toute seule. Alors c'est adorable de m'aider à déménager, mais si tu voulais bien cesser de tout organiser et de tout diriger, ça m'éviterait de te répondre sur ce ton.