Poser des rideaux, accrocher un lustre, refaire le joint en silicone de l'évier, acheter des éponges roses en forme de cœur, honorer ma femme. Je crois qu'une explication s'impose, parce que je balance pas ce genre de détail sans raison : ma femme, c'est ma guitare. Celle qui dormait dans sa housse depuis quelques mois années. Donc. Sauver sa tignasse et sa peau. Arpenter les rayons d'un magasin de bricolage. Et voir son prénom. Entrer dans un magasin de musique. Entendre. Je la veux. Sortir. Regarder le métro. Et voir son prénom sur l'enseigne d'une boutique. Je me sens persécutée. Faire sa lettre de motivation.

Bah non, même pas commencé. Et pourtant, il faudrait. L'angoisse de la page blanche. L'angoisse du mardi. Me tord l'estomac. Bouffée de. Qui gonfle là, juste sous ma poitrine. Je veux pas y aller. Maman, j'ai mal au ventre. De toute façon, je me suis asphyxiée avec l'odeur du joint silicone. Et puis le pesto était bizarre. J'suis sûre que c'est ça. Je vais mourir, tu peux pas me laisser aller à la fac dans cet état.

Ça m'agace. Mon estomac qui fait du macramé. Cette sensation de malaise. Je ne veux pas que ça recommence.