La bouffée d'angoisse a gonflé comme un gros nuage gris. Jusqu'au "You ! Can you spell rhododendron* ?".
*Tant qu'à faire, je reporte l'astérisque tout de suite, maintenant, z'allez pas attendre la fin de l'article pour apprendre qu'il ne me demandait pas d'épeler rhododendron.
Et là, ben tétanie. Tu sais, ma grande amie. Celle qui retient en otage tous les sons dans ma gorge. Allo, allo, le micro ne fonctionne pas. Qu'est-ce qui se passe, là-dedans ? Et puis, juste avant que le nuage n'éclate, ma voisine qui me demande si j'ai rien compris à ce qu'il vient de dire le monsieur. Bah quand même, je l'épellerais à l'aise son rhododendron. A l'écrit. Dis monsieur, tu voudrais pas faire cours par messagerie ? Ah merde, non seulement le micro ne fonctionne pas mais en plus, la caméra a des fuites.

La dernière fois, c'était il y a des siècles. Entre temps, je suis passée par des profs qui avaient revu leurs méthodes d'enseignement. Dont elle. La seule prof au monde qui a réussi à me faire prendre du plaisir à m'exprimer dans un anglais incertain, devant un auditoire tout aussi incertain. Elle nous poussait avec bienveillance. Elle nous donnait envie de. Et ça change tout.
Je sors de là en miettes. Bambi m'entraine chercher ses bas noirs opaques parce que sinon c'est trop, mais avec de la dentelle quand même, sinon c'est pas assez, enfin tu vois quoi. Son Verseau de mec débarque jeudi. On fait tous les magasins de lingerie du Grand Nord Hostile. Je tombe folle amoureuse d'une parure du montant mon aller-retour. Dilemne. Ce sera Jolene ou les petits frou-frous et les petits noeuds roses. Et puis, on décide de s'enfermer dans une salle obscure pour voir un film tout aussi obscur. Une comédie romantique. Mais putain, qu'est-ce que je me suis bien marrée. Si z'avez une carte de cinéma illimitée à rentabiliser, vous pouvez aller voir Sandra Bullock se trémousser en pleine forêt, devant un feu. J'ai louché sur ses chaussures pendant toute la première partie de film. Et moi, qui suis loin d'être bon public, j'ai ri aux éclats. Si, si. La fatigue, le manque de sommeil, le cours d'anglais, tout ce que vous voulez. N'empêche : c'est drôle.
Si on m'avait dit qu'un jour, j'écrirais un article sur une comédie romantique.

Perturbée, j'étais. Heureusement, ma femme m'attendait. Nue comme un ver, vautrée sur le canapé. Et à moitié désaccordée. Je lui ai demandé sa main son manche, du coup. Pour pouvoir faire passer le magasin de lingerie en liste de mariage. Forcément. Mais pas seulement, c'est une vraie et grande histoire d'amour. Elle n'est même pas menacée de retourner dans son bout du monde de l'Espagne. Monsieur arbeit-macht-frei ne pourra rien contre notre amour. Je la gratte, elle me sonne. Que dire de plus.
Sinon que la Zizanie, elle devrait aller dormir. Au lieu de pondre des articles pareils.