C'est sa voix que j'entendais quand elle me faisait l'amour. Sa voix à lui. Et je ne parvenais pas à le faire taire.

Je l'ai donc vue. Elle. Et son regard pétillant, sa voix rauque, ses mains aux longs doigts noués qui m'ont attrapé les joues, ses dents qui m'ont dévoré les lèvres, à peine m'avait-elle aperçue sur le quai de la gare. Je me suis dit que je n'étais pas venue pour rien.

J'étais heureuse d'être avec elle et j'aurais préféré être seule. Mes vieux fantômes ont insisté pour m'accompagner.

Changer de train à quelques mètres de chez lui. Le chercher du regard. S'attendre à le voir. Ronger mes ongles tout cassés par les cordes. Sentir des larmes de rage perler aux coins des yeux. Se détester. De ne pas réussir à monter le livre au grenier. A le ranger parmi les souvenirs. Pourtant, j'estime avoir eu suffisamment de temps. Ça commence à bien faire.