Ça n'a pas tardé, je recommence à faire n'importe quoi. Cercle infernal.
Et je ne parviens pas à savoir ce qui ne va pas, cette fois.
Tout ce que je sais, c'est que je recommence à me faire mal.
De vieux fantômes. Qui n'étaient pas réapparus depuis une éternité. Au moins un an. Voire deux.
De vieux fantômes qui ont volé le peu d'estime que j'avais pour mon corps. Il y a bien longtemps. Je ne l'ai toujours pas récupérée depuis.
J'avais dit que je ne me laisserai pas faire.
Et que je serai heureuse. Alors j'essaye de m'en persuader.

Je le laisse m'offrir des billets de train pour faire le tour de son trois-cents mètres carrés. Contempler le compartiment à argenterie de son lave-vaisselle (déjà que j'ai pas de lave-vaisselle, ne parlons même pas d'argenterie...) et sa toile dédicacée de César (qui n'est d'ailleurs pas une toile). Me goinfrer de petits fours Lenôtre et de champagne. Me raconter le week-end qu'il a passé en Guadeloupe. Et m'aquareller.
Ça n'ennuie. Mais c'est plutôt confortable. Et puis, il n'est pas que pété de thunes. C'est quand même quelqu'un de profondément intéressant. Bien que complètement double. Et pas que sur les bords. Et puisqu'on l'appellera Sean Bateman, on pourra dire qu'il y a (au moins) deux Sean Bateman qui ne semblent pas évoluer dans le même monde. Et chaque fois que je le vois, j'ai cette impression étrange de ne voir que l'un d'entre eux.

Ce week-end, j'ai retrouvé le Bateman avec qui j'avais marché toute la nuit du réveillon. Et j'ai pas eu à me plaindre.
Mais je me demande où je vais comme ça. Parce que ce week-end, j'ai aussi dîné chez Midona. Et je me suis faite déposer chez Iochanaan à cinq heures du mat'.
Faut dire que le week-end s'étalait sur quatre jours. Mais c'est quand même pas une raison.
Tout ça pour avoir l'esprit complètement ailleurs.
On prend les mêmes et on recommence.

Alors j'cours ! Mais mon passé me rattrape,
J'cours ! Malgré les boulets, mais ma mémoire veut m'abattre,
J'cours ! Sans cesse et sans répit, sachant pertinemment,
Que le poison est dans ma tête et qu'on ne peut semer son ombre
J'cours !