Je n'arrive plus à scribouiller. Pas même quelques lignes. Et ce n'est pas faute d'en avoir à dire. J'ai l'impression de m'arracher les mots de la bouche du bout des doigts.
Peut-être parce que je fais n'importe quoi. Et que je n'en suis pas fière. Peut-être parce que je recommence à me détruire et ça me lasse autant que vous d'avoir à relire sans cesse les mêmes mots maux. Sans aucun doute.

Je me sens étrangère dans mon propre appartement. Envahi par le prince charmant de Bambi. Il est resté deux semaines. Deux semaines à jouer au petit couple. Et il revient mercredi. Il me font sentir que je dérange. Ils squattent le salon, la cuisine, la salle de bain. Et je reste enfermée dans ma chambre, à les entendre glousser.

Ma bouffée d'angoisse m'accompagne tous les matins. Pour me rendre sur mon lieu de stage. Où je n'ai rien envie de faire. Et les échéances arrivent à grands pas. Et chaque jour un peu plus, mes trapèzes se nouent, mon dos se bloque, mon corps tout entier hurle. Je ne supporte plus ces journées de dix heures. Aucune que j'ai quitté le sourire aux lèvres. Aucune ne s'est bien passée.
Et j'assume difficilement ma part de responsabilité. Si ce ne sont mes compétences qui sont engagées, ce que je fabrique dans les coulisses qui m'est entièrement imputable. Tout ça parce que je ne parviens pas à me mettre des limites. Que je n'en ai pas vraiment envie. Et que, tant qu'à faire, puisque je n'ai pas pris le métro et que je suis dans sa voiture, autant aller jusqu'au bout. Lui à qui l'on demandera ce qu'il pense de la stagiaire. Des claques.

Et l'autre lui, chez qui je passe des week-ends entiers. Que je laisse m'acheter. Et le pire, dans tout ça, c'est que ça ne me perturbe pas plus que ça. Estime de soi inutile. A quoi bon, après tout.

Je ne suis pas heureuse. Nulle part. Les larmes montent si facilement quand les regards ne pèsent plus sur moi.
Tout laisser tomber. Une fois de plus. J'y pense de plus en plus. A me foutre la paix. C'est bon, j'ai assez lutté. Je me suis épuisée à me battre. Si c'est pour en revenir au point mort.
Et j'aurai juste envie d'éventrer au couteau à beurre ceux qui me parleront de dépression saisonnière.