Être adulte, c'est avoir son autonomie affective. Et cesser de marcher sur la pointe des pieds pour ne pas toucher les lignes des pavés.
Si toi aussi, tu as grandis avec les Fabulettes d'Anne Sylvestre, tu feras le lien. Cela dit, je me demande comment on peut grandir sans Anne Sylvestre.

Et comment on fait, quand la peur de l'abandon est plus forte encore ? Qu'on est prêt à s'accrocher bec et ongles. Mais de loin.

Aujourd'hui, je peux en être certaine, je ne serai jamais adulte. Mes problèmes relationnels me sauveront.

Et puis, il faut bien dire ce qui est, je n'ai aucune conscience du monde qui m'entoure. Je peux me mettre à chanter alors que je marche toute seule dans la rue, à loucher en appuyant sur mon nez avec mon doigt alors qu'il y a quarante personnes autour de moi, à jouer avec les plis de mes vêtements, passer mes bras dans mon t-shirt, à faire des expériences avec mon corps, un peu partout, tout le temps. Bref, je ne sais pas me tenir.

Et pas seulement corporellement, à vrai dire. Ma spontanéité me perdra. Je dis les choses comme elles viennent. Il n'y a pas de filtre entre mon cerveau et ma bouche. L'usine à emballer les mots a délocalisé.
Il y en a qui se sont habitués à mes remarques sorties de nulle part. Tantôt naïves, tantôt cyniques. D'autres non, et ce n'est pas bien grave.
Finalement, peut-être bien que je le suis déjà, autonome.