J'me souviens plus très bien
Depuis les antidépresseurs
Je n'ai plus peur de rien
Ni du soir, ni du quotidien
Je souffre sans douleur
Je n'rêve plus, mais ça fait rien
Et même si j'n'ai plus très faim
Ça va comme ça, et c'est très bien

Voilà pourquoi je freine des quatre fers à l'idée de me faire soigner. Autant qu'à l'idée de me faire vampiriser mon sang. Ça doit bien faire quelques années que mes veines n'ont pas vu une aiguille.
De toute façon, je n'ai jamais été très à l'aise avec le médical. La grande discussion du jour. Parce que je n'ai pas plus envie d'inviter mes démons dans ce post.

Parmi les protagonistes, une copine qui a déjà mis bas. Deux fois. C'est quoi déjà, la définition de la folie, selon Einstein ? Et puis, une autre copine qu'est partie au Canada pour suivre sa formation de sage-femme. Parce que justement, elle n'adhérait pas à la manière dont on envisage les choses, en France. En résumé, on fait comprendre aux femmes qu'elles seront incapables d'avoir et de s'occuper de leur progéniture, seule. En même temps, c'est un peu le cas pour tout un tas de domaines. Bref, voilà un sujet tout trouvé. Je vais vomir et je reviens. J'ai quand même réussi à lui promettre que, si un jour je décidais de pondre, c'est à elle et personne d'autre que je ferai appel. Déjà, elle est tranquille, il y a peu de risques que ça arrive. J'ai la nausée rien qu'à y penser. D'ici à ce qu'elle revienne, ce qui est peu probable vu comment c'est compliqué de passer en libéral. Ou que moi je me tire. De toute façon, j'envisagerai jamais l'hôpital l'usine. Et jamais un médecin. Aussi spécialiste qu'il soit. C'est déjà suffisamment violent comme ça, un accouchement. Elle me glisse un mot sur les maisons de naissance, sujet apparemment d'actualité. Enfin, pour ce que j'en sais, je veux bien cracher mon venin une fois de plus sur les médecins. Et merde quoi, c'est pas une maladie. Évidemment, quand ça devient pathologique, on revoit notre copie. Cela dit, ça n'a jamais effleuré l'esprit des autres participantes, elles se voyaient très bien avec les pieds dans des étriers, perfusées de partout. Parce que c'est comme ça qu'on accouche, que je sache. Déjà que je mets plus les miens chez le gynéco. Au pire, qu'est-ce que je risque ? De mourir ? Mouais, bon.
Je parle, je parle, mais qu'est-ce que j'y connais ? Et la multipare de s'aventurer sur le terrain des bactéries, environnement stérile, complications aussi, prévenir les risques, tout ça. Il faut savoir qu'elle est du genre à ne jurer que par les solutions hydro-alcooliques. Rien qu'une parade, parce que tous ces gens ont la flemme d'aller se laver les mains. C'est juste immonde. Une simple savonnette fait des miracles. De toute façon, je me demande où il y a la plus grande concentration de bactéries, si ce n'est dans un hôpital. Et puis, les complications, ça se prépare. Elle a essayé de clore la discussion en me répondant que je n'en savais rien, que je pourrai l'ouvrir quand j'aurai donné la vie. L'idée me révulse. Je vais vomir et je reviens, deuxième. Comprenez : je n'aurai jamais le droit de l'ouvrir. C'est pas toi qui vas m'interdire d'avoir un avis, et de le partager. Surtout quand celui-ci dépend plus d'une vision du monde que d'une expérience. Et surtout quand il n'a pas vocation à changer ta vie. Chacun fait, fait, fait c'qui lui plait, plait, plait. Y'a bien des trucs qui me viendraient jamais à l'esprit. Genre vêler dans l'eau. Je déteste l'eau, je déteste me baigner. Je me lave quand même, notez. C'est pas du tout naturel, je n'ai ni écailles, ni branchies, ni même évents d'ailleurs. Et puis de toute façon, tes enfants, ils sont moches. A attaque stupide. Heureusement que super-maïeuticienne m'a soutenue. Surtout quand elle me parle de douleur, tout ça. C'est tout à fait subjectif, la douleur. Je pense qu'elle sera dix fois plus supportable que l'idée d'avoir une aiguille qui te transperce le dos. On n'est pas sur une piste d'escrime, alors pose ton arme. Même pas en rêve, tu approches ton fleuret de mes vertèbres. Non, non, je n'ai aucune tendance à l'exagération.

Quelle idée d'avoir des sujets de discussion pareils ! Au moins, ça apporte de l'eau à mon moulin. Un enfant, jamais. Et les bonbons qui font sourire, non plus.