Il a été mon tuteur, mon mentor, mon modèle, mon père de substitution, mon ami, mon camarade. Il a été mon soutien le plus précieux lorsque j'essayais de me reconstruire. Il a été tout ça à la fois alors qu'il était prof et moi élève. En réalité, il n'a jamais été très prof. Je ne compte pas le nombre de cafés que l'on a partagé. Je me souviendrai de ses vieilles Doc repeintes. De sa serviette usée. De sa veste. De l'élastique nouant ses cheveux longs, fins, entre le gris et le jaunâtre. De ses réactions puériles. De son paquet de Pall Mall. Rouge. De son odeur de clope. Il en est mort.

Des années que je ne l'avais pas revu. J'y étais passé, une fois. Dans mon ancien lycée, coloré et vivant. Un lycée qui appartient à ceux qu'il accueille. Il n'était pas là. Parti à l'autre bout de la planète. Avec des élèves. C'est son fils qui me l'a dit. Son fils dont je n'ai même pas le numéro. Son fils, beaucoup trop jeune pour se retrouver sans papa. C'est à lui que je pense, aujourd'hui.
Depuis, il se rappelait à moi, quelquefois. Presque souvent. Pour ne pas dire tous les jours. A travers les souvenirs. A travers les gestes. A travers les convictions. Il était toujours là, dans un coin de ma tête.

N'oubliez pas de ne pas oublier.