C'est le foutoir. Dans ma vie. Tout est en mutation. De sorte que j'ai beaucoup de mal à en faire une synthèse bloggable. Je ne sais même pas qui je suis, c'est dire. Certes, ça m'arrive régulièrement. Et finalement, je sais rarement qui je suis. Ce que je fais. Où je vais.

Mes projets d'adolescente ont été enterrés par le rapport que j'avais j'ai à mon corps. C'est con, mais répondre "porn star" à l'abrutie de psy qui me demandait ce que je voulais faire plus tard n'était pas qu'une simple provocation. Sauf que c'est plutôt compliqué d'accepter d'être regardée alors que son propre regard est insupportable. Pénible. Douloureux.
Parce que je les trouvais belles, heureuses et épanouies, les actrices X. Parce que je n'arrivais pas à entendre le discours moralisateur anti-porno. Comme je n'arrive pas à entendre la plupart des discours moralisateurs. J'ai du être équipée d'un filtre à ma naissance, par une marraine la bonne fée. Un son de cloche ne me suffit pas. C'est pour ça que j'ai quitté, un à un, les groupes militants dans lesquels j'étais active. Aujourd'hui encore, je ne suis pas fidèle aux groupes, seulement aux causes. Politiques ou non. Quoique, tout est politique. Qu'est-ce que ça peut vous foutre, d'ailleurs, les étiquettes. Mes idées libertaires ne peuvent se conformer aux dogmes des syndicats ou autres militants visibles. Ma vie sexuelle et sentimentale ne peut pas se définir par une simple orientation. Je refuse d'être orientée. Je refuse de revendiquer quoique ce soit dans lequel je me reconnais pas. Je ne sais pas qui je suis et c'est très bien comme ça.
Parce ce que je ne comprenais pas le discours féministe que j'entendais, celui qui considère la femme comme une victime, qui a besoin d'être défendue. Parce que je les voyais libres, ces actrices. Parce que je ne comprenais pas qu'on veuille les libérer. Je trouvais leur sort enviable. Elles avaient choisi un métier qui ne rentrait pas dans les normes d'une société dans laquelle je ne trouvais pas ma place, dans laquelle je ne me reconnaissais pas.

La mythification et la mystification de la première fois pour une fille. Ils en font tout un pataquès. Il faut, il faut, il faut. Attendre, être amoureuse, trouver le bon. Pour se donner à. Beurk, beurk, beurk. C'est quoi cette histoire de don ? Moi je vois rien qu'un échange, là-dedans. Et un moment sympa à partager. Qui n'a aucune incidence sur notre vie future. On n'est loin de l'époque où le risque de maternité était un paramètre à prendre en compte. Aujourd'hui, la grossesse est une IST comme les autres. On peut l'éviter, et ça se soigne.
Ma première fois, c'était une première fois parmi d'autres. Est-ce qu'on cherche la bonne personne pour faire le mur ? Pour fumer sa première clope en cachette ? Pour prendre sa première cuite ? Ben le premier rapport sexuel est ce genre d'expérience. C'est amusant et loin d'être dramatique. Si en plus, ça peut aller à l'encontre des interdits parentaux, c'est encore plus jouissif. A cet âge, j'entends. Enfin, à l'âge que j'avais. Non, bien sûr je ne pensais pas à mes parents. Mais c'est une manière de devenir un individu à part entière. De faire des choix. De devenir autonome. Et j'ai été autonome bien avant de pouvoir être indépendante.
Et j'ai l'intention de le rester.
Comme si c'était facile.