J'ai retrouvé ma panoplie de garce. Puisqu'il n'y a que ça qui m'amuse. Et puisque je ne m'éclate pas au pieu. Il faut bien trouver une nouvelle source de jouissance. Caillou n'était qu'un petit échauffement. Je voulais vérifier que je n'avais pas rouillé. Désormais, j'ai une nouvelle cible. Parce qu'il n'y a rien à en tirer d'autre. Elle a l'âge de Chaton et les projets de Chaton. Elle aspire à se poser. A construire. Ce sont ses termes. Il est temps que mon moi justicier parte en croisade contre ces couillons de trentenaires en mal d'existence.
Appelons-la April. Parce que je l'emmerde avec ça depuis que je l'ai rencontrée. Elle est le sosie d'April O'Neil, dans la vraie vie. Donc, April est une collègue stagiaire, qui se fait exploiter dans une autre structure de la même asso. Dans laquelle j'ai passé une semaine. Elle était mon chauffeur attitré. Elle me ramenait même jusque chez moi. « Comme ça, je saurai où tu habites. »
Curieuse, elle m'assaillait de questions. Évidemment, à cette période, j'étais encore avec Chaton. Et même si ce n'était pas le bonheur absolu, c'est ce que j'avais décidé de lui répondre. Tactile, elle n'hésitait pas à poser sa main sur mon bras dès qu'elle me racontait quelque chose. Sauf que moi, mon espace vital est sacré. Je déteste les rapprochements que je ne désire pas. Pas sur le moment, en tout cas. Et puis, elle m'a proposé d'aller boire un verre. Puis d'aller se faire un restau. Puis de venir manger chez elle. J'ai décliné. Parce je n'avais pas la tête à. Parce que Chaton. Et parce que de toute façon, comme réponse, j'offre toujours une paire de rames. Manquerait plus que ce soit trop facile. Je garde les rênes. Parce que s'il aurait pu l'être, son jeu n'était pas du tout amical. Mon instinct est bien trop catégorique sur la question. Bref. Depuis, il y a eu la fin de mon séjour là-bas. Son départ en vacances. Ma rupture avec Chaton. Un ou deux messages. Pour prendre des nouvelles.
Elle est rentrée, il y a quelques jours. C'est le bon moment pour passer à l'attaque.