Elle m'avait avoué qu'elle aimait bien tirer les cartes. Je lui avais répondu que l'astrologie était ma marotte à moi. Elle est verseau. Forcément, ça ne marchera pas. Je vais vite m'ennuyer. Ou ça finira par clasher. Même profil, même fonctionnement. Je n'aime pas les verseaux. Parce que je n'arrive pas à les cerner. Ils me filent entre les doigts. Et pourtant, c'est quand même le signe que je connais le mieux. Toujours est-il que j'ai du mal à savoir ce qu'ils pensent. Et ça m'arrange pas. Parce que je n'arrive pas à prendre le dessus. Peu importe, mon prétexte était trouvé. Il ne me restait plus qu'à l'appeler pour lui proposer un échange de bons procédés. Elle est de week-end. Stage paumé au milieu de nulle part. Elle passera me prendre en voiture en revenant à la civilisation. On va se boire un verre de vin. Il sera alsacien. Elle a faim. Moi, jamais. Je vois l'ombre de Chaton derrière chacun de ses pas. Il m'obsède. Ça suffit maintenant. Je chasse aussitôt cette idée de ma tête. Il est hors de question que je me détourne de mes objectifs. Ça me passera. Il vaut mieux. On ne rallume pas des cendres.
On finit chez elle. Elle sort son tarot. Je l'empêche de se concentrer. Je lui pique des cartes. Je les déplace. Il faudrait qu'elle finisse par comprendre. Que je ne suis pas venue pour jouer aux. Oh, comme c'est étrange. Elle me parle de Chaton. Je lui annonce mon célibat. S'il n'y a que ça. Évidemment, la conversation dérive sur. Tous des connards. Même pas vrai, mais ça m'arrange bien. Parce que. Toutes des salopes, aussi. Je vois une petite lumière s'allumer au fond de son œil. Tout l'intérêt d'avancer en double aveugle. Précautionneusement. Tout l'intérêt du jeu. Parce que même si mon instinct ne me trompe jamais, c'était bien plus amusant de l'attirer dans mes filets sans qu'elle ne me soupçonne de vouloir le faire.