Comme des braises au fond d'un barbecue éteint qui reprennent feu. Subitement. Un barbecue qui avait pris la pluie. Je sais, mon romantisme me perdra. Une putain de tornade d'émotions qui jaillit de nulle part. Depuis le temps qu'elles étaient enfouies, je croyais qu'elles m'avaient désertées. Je pleure, je ris, je suis excitée, je tremble. C'est comme si chacun de mes organes reprenait vie. C'est une histoire de fou. Même moi j'y comprends rien. Même moi je me demande comment c'est possible.
Ben Chaton. Qui d'autre ?
Ça a commencé par un.
« Tu me manques... »
Niais à souhait.
Et puis, il s'est vite refermé. Oh merde, c'est bon, ça fait des mois qu'on se la joue distants, ça fait des mois qu'on se renferme, qu'on n'exprime plus ce qu'on ressent. Ça suffit maintenant. Tu en fais ce que tu veux, tu peux même faire semblant de pas l'avoir lu d'ailleurs, mais je me fais violence pour m'empêcher de rester froide. Pour te dire que.
Et puis, finalement.
« Je peux même pas aller faire des gosses à une autre nana, tu m'as rendu impuissant depuis que t'as disparu. »
Ah, c'est donc pour ça. Moi j'y peux rien si ça fonctionne mal, c'est l'âge. A trente-trois ans, faut que tu envisages le déambulateur et la petite pilule bleue.
J'aime sa manière de me dire les choses. Il fait des déclarations pleines de poésie, mon Chaton.
L'amour, la libido, et l'effet boomerang. Il paraît qu'à Flamencoland, c'est la canicule. Ouais, ben c'est aussi la canicule à l'intérieur de mon corps, je te signale. Il revient dimanche dans ma Natale Capitale, et moi je suis écartelée dans le Grand Nord Hostile. J'ai une main dans l'huile de friture et une autre dans un joli gant bleu, plongée au milieu de steaks surgelés. Et Ronald. La main dans la main d'Adam Smith. Joie, bonheur, abnégation. Tout ça pour dire que je ne vais pas survivre. Mes hormones explosent de partout. C'est un vrai supplice. Mais c'est tellement bon.