Trois semaines que je joue les ados dépressives, terrassées par un chagrin d'amour. De longues soirées qui se résument à. Boire, jouer, pleurer. J'ai abandonné l'idée de passer mon diplôme. C'est trop tard pour envisager de m'y mettre. Je n'en ai ni l'envie, ni le courage. De toute façon, je n'arrive pas à me projeter, alors peu importe.

Il est temps de tourner la page. Ce ne sont ni les coucheries fades, ni les bouteilles de vodka qui me permettront de le faire. Il faut soigner le mal par le mal. Ou le mâle par le mâle, selon les préférences orthographiques. J'ai décidé de lancer l'opération « Toi aussi, emballe-toi comme un cheval mal débourré ! ». Restait plus qu'à trouver l'objet de mes élans hormonaux. Tarabas était exclu du jeu. Trop facile, comme cible.

Et puis, en cherchant un numéro dans un vieux portable. Il s'est rappelé à mon bon souvenir. Lui, le mec pour qui j'avais toujours refuser d'éprouver quoique ce soit d'autre qu'une amicale considération. Le plus grand joueur de tous les temps. Celui qui a fait huit ans d'études pour le fun et qui fout toute son énergie dans une passion des plus futiles. Celui qui me faisait pleurer de rire. Celui qui m'a si souvent poussée dans mes retranchements. Qui m'a agacée, énervée, rendue parfois complètement cinglée. Celui qui est en couple depuis toutes ces années avec la même nana.
J'ai fini par m'éloigner de lui. Parce que la tentation était trop grande. Parce que je sentais que je pouvais basculer d'un instant à l'autre. Parce que j'avais trop peur de me casser les dents. Parce que je n'avais pas envie de m'employer à briser son couple si c'était pour fuir juste après. Comme toujours.

T'as grandi, Zizanie. T'as une carapace en béton armé. Tu sors d'une histoire éprouvante. T'y as laissé des plumes. Tu n'as plus rien à perdre.

« Oh Zizanie ! Quelle surprise ! Ça me fait plaisir d'avoir de tes nouvelles ! »