C'est drôle parfois, la vie. On se connaît sans vraiment se connaître. Des années qu'on fréquente les mêmes lieux, la même asso, les mêmes événements. Je me retrouve à dormir chez lui après un pique-nique d'intérieur très tardif et très arrosé. Il m'héberge par compassion. Mon hôte semble avoir des projets nocturnes mouvementés et bruyants. Et se barre en me laissant là. Je ne sais pas trop comment, j'en arrive à parler de moi, de mon rapport à mon corps, qui a tellement changé en si peu de temps. Tellement grossi. Dans lequel, je ne me reconnais pas. Et derrière lequel je me planque. J'en arrive à parler de mon rapport aux autres. De cette méfiance continuelle. J'ai peur de séduire. J'ai peur d'être approchée. Touchée. Il me parle du rapport qu'il entretient avec le sien, de ses tatouages. Il me fait comprendre que c'est dommage de passer à côté de ma vie. Mais je vois bien qu'il dit ça pour me rassurer, je ne suis absolument pas le genre de nana qui lui plaît. D'ailleurs, il me le confirme. Bref, on finit par s'endormir, et je rentre chez moi.

Quelques semaines plus tard, on commence à papoter sur Facebeurk. Il m'invite à passer la soirée chez lui. Il vient de déménager, il a mal au dos. Je lui propose de le masser. Il retire son pull. Eh merde, je me souvenais pas qu'il était aussi bien foutu. Calme tes hormones, Zizanie, il ne pourra jamais rien se passer avec ce mec. Je suis troublée. Ça faisait une éternité que je n'avais pas été attirée par un autre que Chaton. Il finit par me confier qu'il a rêvé de moi. Naïve, je lui demande de me raconter. Ouais, ben c'était pas une bonne idée. Parce que pour le coup, je suis sacrément ébranlée. Le rêve en question n'était pas aussi chaste et pur que je ne l'imaginais. On se cherche, on a les mains qui se baladent, mais on en reste là. Il me propose de se revoir le lendemain. Je lui réponds qu'on verra et je donne plus signe de vie pendant deux semaines.