Week-end suivant. Enfin, week-end, tu parles, j'y retourne juste pour la soirée. Euh, comment dire, mon budget va peut-être pas supporter longtemps mes allers-retours intempestifs. La curiosité l'emporte toujours sur la raison. Et j'ai envie de connaître la suite de l'histoire. J'y peux rien si mes hormones m'ont collé une jupe sur les fesses et des talons qui me broient les orteils.
Ah merde, il a préparé à dîner. Je gère super mal ce genre de situations, complètement anodines pour la plupart des gens. Mon rapport à la bouffe est toujours aussi compliqué. J'ai du mal à manger en public. Devant des gens que je connais peu, ou dont je crains le jugement. Des gens avec lesquels je ne me sens pas en confiance. Je suis vraiment très mal à l'aise et je grignote à peine quelques miettes, histoire de. Il me fait la remarque. Je suis confuse, je prends mes affaires. Je me sens vulnérable, à fleur de peau. C'est mon talon d’Achille. Il vaut mieux que je parte. Avant que. Il essaye de savoir ce qu'il se passe. Il cherche à me faire parler. Je me braque et je lui claque que je n'ai pas besoin de sa pitié. Je suis sur la défensive, et comme souvent dans ces cas-là, très agressive.
« C'est pas de la pitié, c'est de l'amour. »

Bizarrement, je moufte plus. J'ai du louper plusieurs épisodes. Entre le premier soir où il m'a bien répété que j'étais pas son type de nana, qu'il préférait les silhouettes super fines, tout ça. Mais que j'étais une pote géniale et que c'était dommage qu'on n'ait pas passé plus de temps ensemble. Et sa dernière phrase. Et puis, ça me parait louche, c'est quoi ces sentiments qui surgissent de nulle part ? C'est vraiment pas crédible. C'est bon, j'ai plus douze ans, j'ai pas besoin qu'on me dise qu'on m'aime pour me faire sauter. Cela dit, je n'en ai jamais eu besoin. Mais bref. Je finis par lui poser la question. Parce que merde, il n'y a pas que moi que ne suis pas très claire, dans l'histoire. Et voilà. Réponse.
« J'ai une copine, et jusqu'à aujourd'hui, j'ai toujours été fidèle. »
Euh oui, mais non, je t'arrête tout de suite. Il y a quelques années, voire quelques mois, j'aurais dit oui sans hésiter. Ça m'aurait même plu d'être ta maîtresse. C'était mon truc, les histoires compliquées et foireuses. Ouais, sauf que je n'en veux plus. J'ai envie et besoin d'une histoire simple, sans prises de tête, sans magouilles, sans cachotteries, sans mensonges. Alors on va en rester là, tous les deux.