Franchement. Qu'est-ce que j'ai fait de vouloir continuer mes études ? Je suis beaucoup trop vieille pour ça, j'ai passé l'âge de me retrouver assise dans un amphi, à envoyer des textos à tout mon répertoire parce que je me fais chier et que le cours ne m'intéresse pas. J'ai passé l'âge de préparer des exposés, de lire les bouquins qu'on me demande de lire, de signer une feuille d'émargement. De stresser avant de faire une revue de presse en anglais. L'oral improvisé me met toujours dans un état pas possible. Les mains qui tremblent, les larmes qui montent. Le stress que je ne maîtrise pas. Ouais, parce que l'autre, c'est bon, à l'aise. J'ai appris à vivre avec et à travailler dans l'urgence. Pour repousser au plus tard le moment où je devrais m'y mettre. A préparer ce qui m'emmerde, ou ce qui m'angoisse. Ce qui revient au même. A entendre des « Balance ! », ou des « Tapette ! ». Ouais, non. Ça ne m'amuse plus. Je ne sais même pas si ça m'a déjà amusée un jour. Et puis, c'est pas comme si je reprenais mes études, à mon grand âge. Ce que certains de mes potes font. Après quelques années à avoir bossé pour de vrai. Fait tourner le pays quoi. La France qui se lève tôt, tout ça. Non, moi, j'ai jamais quitté les bancs de l'école. Où sont passés mes projets et mes illusions ? Où est passé mon envie de mettre les voiles ? D'accomplir mes rêves ? J'ai plus de plaisir. A réfléchir. Je me tiens éloignée de tout et de tout le monde. Des nouvelles de la planète ou juste celles de ma grand-mère. Plus rien à foutre. Je me sens pas à ma place. Je ne supporte plus. J'ai toujours fonctionné comme ça. Je mets le temps, et puis bizarrement, tout se déclenche d'un coup. Aujourd'hui, j'ai envie d'être adulte. Et sereine. Je n'ai plus envie qu'on me considère comme une gamine. Aujourd'hui, je veux lire les livres qui me font envie. Pas les livres qu'il faut lire. Je m'en fous de connaître mes classiques. Si mes références ne sont pas les vôtres. Je ne supporte pas les dogmes.

Non, au final ce n'est pas ça. Si j'ai envie de pleurer, là, tout de suite, maintenant. C'est parce que je me sens terriblement seule. Comme toujours et depuis toujours. Il n'y a jamais eu personne avec qui j'ai réellement été en phase. J'ai toujours du m'adapter. Au moins partiellement. M'efforcer d'être une autre que moi. Ne pas comprendre les autres. Ne pas comprendre la personne que je devenais. Je me sens juste différente. Et voilà, ce putain de mot qui revient comme un boomerang. Et alors que là, tout de suite, j'aurais juste besoin de m'effondrer sur une épaule. Je m'épingle mon plus beau sourire et j'empêche mes larmes de couler.