On va pas tourner autour du pot. J'annonce. Chaton. Le retour du come-back 2.

Il fallait s'y attendre. Moi, je ne l'attendais plus. Ne pas perdre la face, surtout ne pas perdre la face. Même si, subitement, tu redécouvres des sensations que tu n'avais plus éprouvé depuis une éternité. Eh merde. Elles n'étaient pas assez enfouies. Peu importe, je fais comme si elles n'existaient pas. Je sens que ça l'embête. Il me cherche. Il s'en prend à mes hormones. Coup bas.
« Il suffit qu'on échange quelques phrases pour que je ne sois plus en état de me lever. »
Tu veux jouer, je vais jouer. J'entre dans son jeu. T'façon, la baise était un peu le ciment de notre couple, ça m'aurait étonnée qu'il en soit autrement. Je lui laisse entendre que mes hormones sont restées orphelines. Oui, je sais, y'a eu Cuillère. Et je n'ai pas dit le contraire, Cuillère est mec génial. Et un bon amant. Sauf qu'il ne fera jamais le poids. Face à. Chaton m'a permis d'assumer mes fantasmes et de prendre mon pied comme jamais. Forcément, difficile de lutter. Bref. Lorsque je l'ai bien chauffé, je lui balance que le poste requiert quand même certaines qualités. Qu'il les as toutes. Sauf une. Qu'il a perdue. Il cherche. Il ne voit pas. Finalement, il m'appelle. Et il me demande ce qu'il lui faut pour postuler. Je lui réponds. La vérité. Ma confiance. Bim, bam. Désarçonné, le Chaton. Jouer la montre, c'est tout ce qu'il me reste. Je sais que je ne lui résisterai pas bien longtemps. En attendant. Po-po-poker face.
Et puis d'ailleurs, qu'est-ce qui fait que tu te sois souvenu de moi ?
« Je voulais savoir comment tu allais... »
Et bien tu le sais, maintenant. J'ai survécu.
« Et puis tu me manquais ! Ça te va comme réponse ? »
Merde. Mon masque commence à se fissurer. Respire. Je me détache, comme je peux. Je m'en contenterai. Et puis, vite fait, je dévie le sujet. OK. Merde. Il n'en avait pas simplement rien à foutre de moi. Pas seulement, en tout cas. Chaton est un égoïste fini. Mais ça ébranle toutes mes certitudes. Celles que je me suis construites malgré son absence. Malgré l'absence de réponses. Merde. Merde. Merde. Putain de bordel de merde. Je commençais à m'en sortir. Je commençais à vivre sans lui. Pourquoi faut-il que je sois assez idiote pour replonger à chaque fois ? Comme si je ne retenais pas la leçon.
« J'ai plus rien à fumer. Faut que j'aille en chercher. Mais j'arrive pas à raccrocher. »
Ta gueule. Bordel. Ta gueule. Moi non plus, je veux pas quitter le son de sa voix. Ça y est ma vieille, tu t'es faite eue.
T'façon, moi, je dois y aller, j'ai plein de choses à faire.