Allez, pour changer de registre, voilà l'épisode de Soupe au lait et cœur d'artichaut, qui traîne sur mon disque dur.

Voilà, les gars, faut que je vous raconte. J'ai rencontré quelqu'un. Ça commence toujours comme ça.
Il y a environ un mois, « T'es dans la même école que [insérez le prénom que vous pensez être celui de notre amie commune] ? ». Précédé d'un « Moi, c'est Woody, et toi ? ». Woody étant bien évidemment son nom de code bloguesque. Dans la vraie vie, j'me fais pas aborder par des nanas qui s'appellent vraiment Woody. Aborder, aborder, comme tu y vas ! Elle était peut-être seulement très sociable.

Attends, je rembobine. Un groupuscule bruyant débarque à la soirée de ma pote. Regards. Deux flashs bleus. Que je n'arrive pas à quitter des yeux très longtemps. Elle tourne la tête quand je la regarde, puis jette de discrets coups d'oeil dans ma direction. Je sens un truc qui s'emballe dans ma poitrine. N'y va pas, n'y va pas, n'y va pas. Tu vas te planter. Aucune chance que tu sois son genre. Oui, ce genre-là. Celui qui porte des petites robes noires, des bottes à talons et du liner bleu électrique. Qui joue négligemment avec ses cheveux. Qui essaye de minauder mais qui ne sait pas faire. Qui décline les petits fours qu'on lui fait passer « Non merci, je n'ai pas faim. », alors qu'elle a l'estomac vide depuis la veille. Le genre qui coche « F », sur les formulaires. Et alors ? Tente le coup. Tu t'es déjà fait remballée à coups de « T'es bien mignonne chérie, et si t'avais de jolis pectoraux bien dessinés à la place de tes énormes boobs, j'aurais pu envisager de te sauter sauvagement dessus. », t'es plus à ça près. Oui, mais c'était un mec. C'est pas pareil. Je savais que mon terrain de jeu était miné. Et depuis, t'envoies Schtroumpf grognon en éclaireur. Merde, elle me regarde encore. J'devrais peut-être aller lui parler. Après tout, j'pourrais toujours aviser ensuite. Ah tiens, ils ont besoin d'un coup de main à la cuisine. Oh l'autre, comment elle se défile !
Et puis, on me propose d'aller fumer. J'ai arrêté, mais je sors quand même prendre l'air. Et voilà Woody qui débarque. Regards, sourire, regards.
Pause. Oui mais ton rewind n'éclaire en rien ses intentions. Attends. Ça arrive. Mes compagnons de fortune rentrent parce qu'ils ont trop froid. Je me retrouve seule avec Woody. Et là, « Est-ce que tu penses qu'on peut essayer de communiquer autrement que par télépathie ? ». J'éclate de rire. Et je réponds « Et quels messages sont arrivés jusqu'à toi ? ». Elle rougit. Oh, c'est trop mignon. Mignon ? N'importe quoi Zizanie, le champagne t'est monté à la tête ? Et voilà que je t'enlève un fil sur ta veste. Et voilà que je te souffle dans le dos pour te réchauffer. On rentre. Et je t'invite à danser. Un rock. Mais je sais pas danser le rock. C'est pas grave, je te fais tournoyer et je te réceptionne dans mes bras. Bref, ça flirte sévère. Et puis, discrètement, je t'emmène à l'étage pour écraser mes lèvres contre les tiennes.

Et puis, la soirée se termine. Et puis, je décide que je n'ai pas d'énergie à mettre dans un début d'histoire. Les relations amoureuses ou même vaguement, ça bouffe une énergie pas croyable. J'ai envie et besoin de faire des choses pour moi, de me consacrer à l'amélioration de ma vie actuelle - qui est un peu une catastrophe, soyons honnêtes -, sans qu'un paramètre inconnu ne puisse interférer dans mes objectifs.
Et puis, je me sens pas dans le bon état d'esprit pour. J'en ai ma claque des histoires foireuses. Faut dire que je les ai un peu enchaînées, ces derniers temps. Du coup, je suis pleine d'attentes stupides, ce qui n'est jamais une bonne base pour envisager une relation. Les attentes, ça ne crée que des déceptions. Et surtout, je sens qu'il ne faudra pas grand chose pour réveiller la garce qui sommeille toujours en moi. J'préfère nous épargner ça.

Mais ai-je seulement le droit d'étouffer dans l’œuf une histoire qui a commencé aussi fort ?