Le surlendemain de cette discussion, il m'a appelée.

« Je suis désolé pour le cadeau. Tu n'es pas l'Enfer. »
[Ndmp : Il m'a offert un pendentif avec gravé dessus, à peu de choses près, l'inscription au-dessus de la porte de l'Enfer, dans la Divine Comédie.]
Je ne le porterais pas, si je ne l'avais pas apprécié. Il me fait rire. Au premier comme au trente-sixième degré.
« Oui mais toi t'es folle. »

Et puis, un peu plus tard, SMS.

« Si tu ne veux vraiment pas d'enfant, on peut adopter un chien. »
En dehors de toute considération technique et éthique, j'ai trouvé ça adorable.

Mais j'peux quand même pas m'empêcher de penser que tout ça ne mène à rien. Et que c'est vraiment pas ce qu'il y a de plus sain, comme relation. Même en ayant conscience de toutes les forces en jeu. La preuve. Je n'arrive pas à dire à Tarabas que je vais aller vivre ailleurs. Je me dis que de toute façon, dans 99% des cas, on ne sera déjà plus ensemble au moment de mon départ.
Et puis, si je lui dis que je m'en vais, je sais que ça fera tout foirer. Je crains sa réaction. Parce qu'il se dira forcément qu'il n'est qu'un paramètre accessoire de ma vie. Que je ne tiens pas compte de son existence dans mes choix de vie. Que je suis incapable de m'investir un minimum. Qu'il aura beau faire des efforts et des compromis, il sera le seul à les faire.

Ce qui n'est pas tout à fait faux. En même temps, j'ai jamais eu envie de faire des choix de vie communs, avec quelqu'un. J'ai jamais tellement eu envie de dire « nous ». C'pour ça que je ne suis pas faite pour la vie de couple. Je le sais, c'pas grave, ça me convient bien comme ça.

Depuis quelques années, je sais ce qui est bon pour moi. Et ce n'est certainement pas la vie de couple. Ni la vie professionnelle, d'ailleurs. J'm'en fous de bosser ; le travail n'a jamais été une valeur, pour moi.
Je veux bouffer des fruits dans une grotte et courir toute nue dans la forêt. Ou l'équivalent pour une vie citadine, parce que je suis bien trop peureuse pour me lancer. Cela dit, je kifferais grave la vie de monastère. Si elle n'était pas remplie de stupides religieux dogmatiques. Ouais, quand même, malgré ma passion pour la vie de monastère, je reste définitivement anticléricale.

En fait, le minimalisme et l'abstinence me conviennent bien, ils m'apaisent. Enfin, quand mes hormones me laissent tranquille. Une semaine par mois à vouloir sauter sur tout ce qui bouge pour perpétuer l'espèce, jusque dans mes rêves, c'est encombrant. Le reste du temps, j'estime que je peux largement m'en passer. C'est très largement surestimé, le sexe. Non mais sérieusement, j'ai hâte d'être ménopausée. Pour que mes hormones me foutent enfin la paix et qu'on ne m'emmerde plus avec mes ovaires qui moisissent. Et d'avoir les cheveux blancs. Pour pouvoir y foutre des pigments de toutes les couleurs jusqu'à ce que ça ressemble à du vomi de licorne.