J'ai envie de me rouler en boule. Tout me paraît insurmontable, en ce moment. A vrai dire, je fais en sorte que tout me paraisse insurmontable. J'ai la clé pour sortir de ma cave, mais je ne l'insère pas dans la serrure. Je suis tétanisée.
Je vis dans un monde parallèle. Et ça m'arrive de plus en plus souvent. Je deviens spectatrice. Je suis sur mon petit nuage et je regarde vivre les autres.

Je les évite. Et tout se corse lorsque je dois, malgré tout, entrer en contact avec eux. Je n'ai plus de filtre entre mon cerveau et ma bouche. Entre mon cerveau et mes doigts. Lorsqu'on me demande un avis, une explication, je dis exactement tout ce qui me passe par la tête. Et ça blesse. Souvent.

Je m'entends encore, il y a quelques jours, dire à ma tante qu'elle se comporte comme une gamine de quatorze ans avec son compagnon. C'est la vérité. Enfin, c'est ma vérité. Mais j'me dis qu'il y avait peut-être d'autres manières de lui faire part de mon inquiétude vis-à-vis de son comportement. Et si je ne sais pas faire de concessions dans mes relations, elle n'est pas responsable.
Je m'entends encore dire à Tarabas que le voir s'écraser devant son père me donne envie de le secouer jusqu'à ce qu'il lui montre un peu de personnalité. Son père est un gros connard. Et je ne supporte pas de le voir traiter Tarabas comme un moins que rien et un incapable fini. Mais il n'en reste pas moins son père. Et si je déteste le mien, il n'en est pas responsable.
Je m'entends encore reprocher à la Despote les difficultés que je rencontre aujourd'hui. Ce n'est pas juste. Elle a fait de son mieux. Elle a fait ce qui lui semblait bien avec les moyens qu'elle avait. Son éducation. Son époque. Ses croyances. Et si je ne suis pas foutue de changer ce qui ne me convient pas, elle n'en est pas responsable.

Je suis parfois détestable. Et je me déteste quand je fais du mal aux autres. Je me déteste quand je ne sais pas gérer mes émotions et qu'elles ressortent n'importe quand, n'importe comment.
Parce que les enfouir n'a jamais été la bonne solution pour les voir disparaître. Elles finissent toujours par remonter à la surface. A vif.