J'avais besoin de le voir. De le toucher. De le sentir. J'ai eu tellement peur que ce ne soit plus jamais possible. Vingt-quatre heures, c'est long. C'est interminable. J'ai retenu ma respiration tout ce temps-là. J'ai jamais eu aussi peur. Aussi longtemps. A la mesure des sentiments que je lui porte. Ce n'est une surprise pour personne. Chaton, je l'aime. De toute mon âme. De tout mon corps. De tout mon cœur. De toutes mes tripes. Peu importe la vie, tu vois. Peu importe nos dérapages et nos déchirures. Peu importe les fléchettes ou les boulets de canon que l'on s'envoie dans le bide. Peu importe le temps qui passe. Peu importe la distance.

Je suis allée jusqu'à chez lui. J'ai sonné. Il m'a ouvert. Je l'ai écrasé contre moi. Euphémisme. J'crois que si j'avais pu nous fondre l'un dans l'autre, je l'aurais fait.
Il a ri. Il m'a embrassée. Je l'ai laissé faire. Je ne me suis pas contentée de le laisser faire. C'était doux et humide. C'était un baiser de gratitude. Je suis contente que tu sois en vie. Je suis contente qu'il nous ait été donné de vivre encore ce moment ensemble.

Chaton, je t'aime de toutes mes tripes, de tout mon cœur, de tout mon corps, de toute mon âme, et pour toute ma vie. Je ne t'aime pas de tout mon esprit. Parce que mon esprit, il n'aime pas. Mon esprit, il me garde de t'aimer de trop près. Parce qu'il sait que je dois t'aimer de loin si je veux arriver à être heureuse. Ne serait-ce qu'un tout petit peu. Mais mon esprit est soulagé que tu sois encore vivant. Parce que si tu ne l'avais plus été, il sait qu'il m'aurait perdue. Si tu meurs, je meurs.