Soyons sérieux, parlons astrologie.
J'ai besoin de débrancher.

J'avais envie de te raconter comment l'astrologie a servi ma sérénité. C'est tout bête, mais elle a joué un rôle crucial dans le processus d'acceptation de soi. De moi. Et il fallait que je t'en parle.
J'vois d'ici ton regard condescendant. Sans doute que j'aurais eu le même.

A l'origine, j'suis tout ce qu'il y a de plus cartésienne. La seule chose que je craigne, lorsque je passe sous une échelle, c'est qu'elle me tombe dessus. Et je suis toujours aussi sceptique quand la Despote me tire les cartes. Parfois, je la laisse faire. Parce que j'ai régulièrement besoin d'échapper à la logique. Mon bovarysme chronique. J'ai un besoin vital de magie dans ma vie.

L'astrologie, c'est un peu ça. En théorie, je n'y crois pas du tout. Enfin, j'vois pas trop comment la position des astres peut impacter sur la personnalité de quelqu'un, et encore moins sur ce qu'il va être amené à vivre. Ce n'est absolument pas logique.
Le truc, c'est que même si je ne crois pas à la théorie, je l'ai plus que vérifiée empiriquement. Et sans biais dans le protocole. Je l'ai aussi vérifiée sur les gens les plus cartésiens et les plus sceptiques de la terre, qui n'y croyaient pas une seconde et qui ne savaient même pas de quels signes ils étaient. Leurs vies n'avaient pas pu être influencée par ce qu'ils auraient pu entendre, sur ce qu'on entend sur les signes du zodiaque, tu vois. 
Je m'amuse, depuis des années, à deviner le signe astral ou la dominante planétaire de personnes que je connais un peu. J'peux pas deviner celleux d'inconnu.e.s, j'suis pas médium. J'ai besoin de savoir comment illes sont dans la vie, pour faire l'analogie. Et c'est tellement facile, comme jeu. Ça marche à tous les coups, ou presque. Il y a un infime pourcentage d'erreur. Que j'arrive la plupart du temps à expliquer. Alors voilà, c'est devenu mon jeu préféré. Je me suis mis à essayer de tout expliquer par l'astrologie, juste parce que je trouvais ça drôle et que ça marchait. Tant que je gagne, je joue. Et puis bon, quand tu te rends compte que les sciences n'ont pas grand chose de scientifique. Que c'est souvent une vaste blague. Et qu'on tâtonne encore sur des trucs prétendument avérés. Tu te dis que c'est pas tellement différent, en fait. A l'origine, c'était ça.

D'abord, ça m'a permis de comprendre les autres. Les compatibilités. Les incompatibilités, surtout. Et à moins leur en vouloir de m'être insupportables. J'me disais qu'il y avait une part de programmation. Que ce soient les gènes, les astres ou le conditionnement social, peu importe. J'ai commencé à accepter mes proches tels qu'ils étaient. Avec leurs qualités et leurs défauts. Oh, ça n'excuse pas tous les comportements, hein. Mais désormais, si leurs comportements ne me conviennent pas, je m'éloigne, c'est tout. Je cesse de nourrir ma rancune.

Et puis, très vite, je me suis dit que puisque ça fonctionnait sur les autres, j'voyais pas pourquoi ça ne fonctionnerait pas sur moi. J'ai commencé à m'intéresser à mon thème, de plus en plus précisément. Et là, toutes mes questions existentielles et mes problèmes ont trouvé une explication. J'ai compris jusqu'à mon écriture narcissique et orientée majoritairement sur mes péripéties amoureuses. Alors que globalement, ce n'est pas du tout une priorité, dans ma vie, de me mettre en couple. J'ai compris cette putain de boulimie dans laquelle j'étais engluée depuis des années. J'ai compris ma morphologie, mon poids qui a toujours été une lutte, jusqu'à ce que je baisse les bras et que je le laisse gagner. J'suis en train de reprendre la main. Pas en le combattant, justement. En l'acceptant, en allant avec lui et pas contre lui. J'ai compris mon besoin d'aller à contre-courant. J'ai compris pourquoi j'étais rarement d'accord avec le monde, pourquoi j'passais pour une originale, une marginale. Pourquoi je cultivais cette facette de ma personnalité. J'ai compris pourquoi j'avais ces élans d'agressivité incontrôlable. J'ai compris pourquoi je paraissais froide et snob. J'ai compris pourquoi je réfléchissais trop. Et trop longtemps. Malgré ma spontanéité. Pourquoi j'étais inactive.

Je ne prends pas ça comme un truc contre lequel on ne peut rien. Le déterminisme sociologique ou astrologique, c'est du pareil au même, tu vois. J'suis pas en train de te dire que, puisque mon thème est merdique, j'vais me mettre en boule dans un coin, en attendant que ça se passe. Bien que parfois. Souvent. Ce n'est pas l'envie qui me manque. Mais je ne m'acharne plus lorsque je vois que je me fais du mal. Mes romances. Mon poids. Ma vie professionnelle. 
Et désormais, plutôt que de m'adapter à un moule dans lequel je ne rentre pas et qui me rend malheureuse, j'essaye d'adapter le moule à moi. Ce n'est pas simple tous les jours. Surtout que je suis la personne la plus paresseuse qui existe. Je sais que, de toute façon, je n'ai pas le choix. Je suis incapable de faire autrement. Je suis incapable de me forcer à faire comme tout le monde. Je suis mal barrée pour avoir une vie amoureuse épanouie. Vu mon carré Vénus-Pluton. Si y'avait qu'ça. Et puis au final, j'trouve pas ça si grave, de ne pas avoir une vie amoureuse épanouie. Le reste du monde en fait tout un foin. Une priorité. Moi, je n'arrive pas à me dire que se mettre en couple est une étape fondamentale de la vie. Et pour ma vie professionnelle, j'ai décidé de ne plus me résigner. J'ai de nouveaux objectifs. J'avance à pas de fourmi, mais j'avance. Un jour, je les atteindrai. Peu importe quand, je ne suis pas pressée.

Et puis, j'ai surtout accepté que ce serait toujours un peu le bordel dans ma vie. Que je remettrai régulièrement tout en question. Que de toute façon, même si j'arrive à me construire une vie qui me convienne dans les dix prochaines années, Pluton fera tout exploser lorsqu'il passera en Verseau. Et c'est pas grave, finalement.

Tout ce qu'il faut retenir, c'est que l'astrologie n'a été qu'un outil pour comprendre la personne que j'étais. Pour l'accepter. Et pour être en accord avec elle, en toutes circonstances. J'assume mes convictions. J'assume ma personnalité. J'assume ma non envie de couple et de maternité. Bien que je subisse encore douloureusement l'extérieur. Je finirai par m'entourer de personnes qui me ressemblent, pour me sentir un peu moins seule face à tout ça. J'assume pas encore tout à fait mon corps, mais putain, on a fait des pas de géant. Tu te rends compte qu'aujourd'hui je me mets en maillot de bain et je vais à la piscine ? Tu te rends compte qu'aujourd'hui, j'arrive à me foutre presque à poil dans les vestiaire devant d'autres gens ? En me cachant un peu. Mais quand même. Tu te rends compte que maintenant, je me fous que l'on pense que je suis grosse ? Parce que je ne trouve pas ça grave, d'être grosse. Parce que je ne veux plus que ce soit un problème dans ma vie. J'étais en colère, il y a quelques semaines, lorsque Bianca Castafiore a évoqué mes problèmes de poids. Pour me dire que ma morphologie était en accord avec ma voix. Puissante, très longue et agile. Pour me dire que j'pourrais pas sortir les mêmes sons si j'étais toute menue. Qu'elle parle de mon poids, je m'en fous. Bien que j'voie pas trop de quoi elle se mêle, j'voie pas pourquoi elle devrait avoir un avis sur mon corps. Est-ce que j'ai un avis sur le sien, moi ? Non, ce qui m'a gênée très fort, c'est qu'elle le considère comme une problème. Une pseudo-bienveillance passive-agressive, en somme.

Un jour, je te parlerai de ma pomme au milieu d'un grand trou rempli d'eau chlorée. Parce que c'est une victoire à plusieurs niveaux. Des putain de victoires. Et à quel point c'est en train de changer ma vie.
En attendant, je te dirai juste combien mon coach de vie préféré, Marco-chou-chéri. Connu aussi sous le nom de Marc Aurèle. Si, si. L'empereur, le philosophe, tout ça. Mais Marco, il reste vachement accessible, j'te jure. Est ravi que l'astrologie m'ait aidée à accepter ce que je ne peux pas changer. A cesser de pleurer ou de m'acharner sur des aspects de ma personnalité sur lesquels je n'ai aucune prise. Et à consacrer toute cette énergie perdue à améliorer les aspects de ma vie sur lesquels j'ai la main. Et notamment de ne pas renoncer à mes rêves. Parce qu'il y a toujours moyen de les atteindre. Même si c'est difficile, même si ça prend du temps. A partir du moment où tu arrives à faire ça, je te jure, la sérénité et l'apaisement arrivent d'elleux-mêmes.