Cher Tarabas,

 

Il faudrait peut-être que je cesse de te parler dans ma tête, maintenant. Et sur ce blog. J'aimerais bien m'prendre moi-même, moi-même tout seul dans les bras. Me dire tu sais je t'aime, tu sais au monde je n'ai que toi. T'façon, je n'ai pas tellement d'autres options. J'aimerais bien me baiser moi-même, me dire des cochonneries tout bas. Crois-tu que c'est pareil ou encore mieux qu'avec toi ?

J'ai fait comme d'habitude. J'ai enfermé mes émotions à triple tour. J'ai serré les dents. Pour supporter la douleur. T'as pas mal ! J'ai pas mal ! T'as pas mal ! J'ai pas mal ! Pousse-toi de là, la p'tite voix. Parce que oui, ça fait mal. Vraiment très mal. Je suis une chochotte. Et comme d'habitude, la serrure a fini par sauter ; y'a tout qui remonte à la surface. Je ne bouffe plus. Je ne dors plus. Alors forcément, je n'ai plus assez de force pour surmonter ton absence.

Je doute, là. Peut-être que je n'ai pas su voir ce que j'allais perdre avant que tu ne partes ? Peut-être que j'aurais pu me faire un peu violence et accepter de te faire un môme ? Peut-être que j'aurais pu me faire violence et me tasser un peu dans le moule ? Je suis sûre que ça aurait pu passer. Mais non, j'suis beaucoup trop égocentrique. Il n'y a que mon confort qui compte. Savoir que l'on peut laisser mourir le plus grand amour sur une paillasse.
Je m'en veux, d'avoir tout laissé changer. De nous avoir laissé vieillir. Car s'il fallait changer pour de bon, j'retournerais tout à grands coups de bêche. Pour retrouver nos illusions, pour retrouver notre jeunesse.

Reviens, bordel ! Reviens et j'ferai tout ce que tu voudras ! Ne bouge pas, c'est rien qu'un énième mensonge. Tu sais bien que je pourrais te promettre la lune si ça pouvait m'aider à obtenir ce que je veux. Je t'aime, c'est rien de le dire. Encore faut-il voir que c'est du vent, un truc pour ne pas en finir tout seul jusqu'à la fin des temps.

Je vais accepter la situation. Je dois accepter la situation. Je n'ai pas le choix. Il faut que je me mette dans la tête que je n'ai pas le choix. Alors je vais aller dans la montagne, avec Rahan. Et peut-être même que je reverrai Chaton. Et ce mec qui n'a pas de nom de code. Pour l'ivresse. L'ivresse de l'oubli. L'ivresse qui anesthésie. N'être là que pour la baise, et surtout pas pour les mots tendres. Mieux vaut toujours avoir un jour à rendre qu'avoir un jour à ravaler. Je n'ai aucune envie de les voir. C'est toi que je veux voir. Je n'ai aucune envie de les toucher. J'crois que j'y arriverai pas. Rien que l'idée me file la nausée. Mes hormones pssshhhtent dans tous les sens. Pourtant. Je ne veux pas d'autre corps. Je ne veux pas d'autre peau. Je ne veux pas d'autre odeur. Je resterai au monastère. Une promesse est une promesse. Et c'est tout ce dont j'ai besoin, en ce moment. Apprendre, apprendre. Apprendre enfin à esquiver. Pour ne plus se faire étendre. Pour ne plus se faire allonger.

 

Difficilement,

Moi-même

 

P.-S. : Sans blague, faut que j'arrête Miossec, là. C'pas bon pour mon moral. Un peu plus et je finis à chouiner dans le noir sur du Archive.