Début juillet.

Maintenant que je me sens moins coupable d'avoir certaines pensées, puisque la situation s'est améliorée, j'peux venir les coucher ici. T'façon, la culpabilité, comme toute assignée fille, j'en ai eu dans mon biberon. Pour te dire, c'est limite si je culpabilise pas de culpabiliser.

1) Babysitter son ex de trente-trois ans, c'est bien se compliquer la vie.
Surtout que :
- je suis toujours folle amoureuse de lui
- il n'est désormais plus suffisamment libre pour lui permettre de retomber dans mes bras
- parce qu'il a commencé à écrire une nouvelle histoire, là-bas, à l'autre bout du monde
- j'en suis malade
- même s'il a dû rentrer en urgence et ne sait pas si et quand il repartira
- de toute façon, c'était clairement pas la préoccupation du moment, étant donné la situation tragique dans laquelle il se trouvait
- je culpabilise de lui avoir reproché intérieurement de me faire subir ça
- c'est moi qui ai pourtant choisi de répondre à son appel
- (ou ma putain de Lune en Cancer)
- mais c'était plus que nécessaire
- sans jamais extérioriser ces reproches
- ça ne me ressemble pas, mais, pour le coup, ça aurait été particulièrement indécent
- l'odeur de sa peau est une vraie addiction
- je vais devoir recommencer le sevrage
- je n'ose même pas me rappeler combien ce fut difficile
- je n'ai pas réussi à tourner la page
- lui, si
- je ne veux pas la tourner
- il a choisi de le faire
- le monastère me paraît tout à coup effrayant, alors que je m'y sentais particulièrement sereine
- j'voudrais que mon instinct se trompe, parfois
- I'm ready if you're ready, show me that you're stick with it...

 

2) Entretenir à distance géographique, temporelle et émotionnelle une histoire qui n'aurait jamais dû commencer, ce n'est pas non plus l'idée du siècle. Ne pas être en mesure de gérer les déclarations inopinées et les crises de jalousie. J'ai bien assez à faire avec la mienne. Changer de sujet. Marcelle est un bon changement de sujet. Elle va bien, elle est en pleine forme et délestée de ses encombrants ovaires. On a déjà eu beaucoup de chance (elle et nous) de ne pas avoir rencontré une chatte-Kinder, avant qu'on ne l'enferme loin des viols félins. Et, surtout, elle a une nouvelle maison accueillante, avec des colocataires attentionnés et responsables. Ou presque. A force de rappeler à Rahan qu'il était complètement hors de question qu'il la laisse sortir avec un appareil génital fonctionnel et sans identification, il a fini par cesser de jouer les grands défenseurs de la liberté animale et de leur droit à gambader dans la nature. Euh non. Juste non. Et puis, il a commencé à accepter socialement le nom de baptême de la bestiole, dès que j'ai mentionné le singe de Ross. Juste au moment où, moi, j'ai préféré l'appeler « mon p'tit poireau ». Pas Rahan, hein. Ça aurait été beaucoup trop tendancieux ; on ne se connaît pas encore assez bien pour ça. Parce que j'ai eu la bonne idée de la tartiner d'huile de neem, contre les méchants parasites. Du coup, elle sentait la soupe. Et puis ça lui va très bien, « mon p'tit poireau ».

 

3) J'ai enfin trouvé un moyen de résoudre les conflits entre mon PC et l'écran. Tout va pour le mieux, ils s'entendent très bien. A un pixel mort près.

 

4) J'ai fait un sort à Mozart. Je ne comprends pas pourquoi je l'aime autant, ce grand misogyne scatophile. Vu ce qu'il me fait subir. Ce que je choisis de subir.

 

5) C'est beaucoup trop triste, les escargots qui meurent.

 

6) J'ai fini par comprendre que ma Lune en Cancer. Opposée à Neptune. Parce que ça ne suffisait pas, une dominante à la con, fallait en plus qu'elle soit renforcée par une planète encore plus niaise qu'elle. Avait besoin d'accepter d'existence d'un monde invisible. Et qu'après toutes ces années de recherche, et d'arrêt des recherches, j'suis heureuse d'avoir repris certaines habitudes. J'ai quand même mis du temps à comprendre que mon anticléricalisme et mon esprit cartésien n'étaient pas incompatibles avec mon besoin de magie.

 

7) J'ai enfin refait mon henné, après plus d'un an de flemme. Et comme à chaque fois, je me demande pourquoi j'ai attendu aussi longtemps.

 

8) Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu une telle pulsion de vengeance et de destruction. Mon Mars en Scorpion pourrait tuer, si je le laissais s'exprimer. Et à ce moment là, j'peux te dire que mes beaux et grands discours disparaissent totalement. Tu as volontairement cherché à m'atteindre, tu souffriras pour ça. Que l'on porte le même sang m'importe peu, et si je ne t'ai pas tué, tu es désormais mort, pour moi. C'est ma part d'ombre. Je ne l'aime pas, mais elle existe.

 

9) Mon plan machiavélique est en route. Bientôt, le monde entier sera végane. La plupart des gens autour de moi ont diminué leur consommation de viande et de produits laitiers. Depuis que j'utilise les bons outils (comprendre : la bouffe, le nerf de la guerre), plus grand chose ne me résiste.  Mes plats sans cruauté sont tellement goûteux que je ne vois pas comment on pourrait vouloir autre chose. En toute humilité.