Ma misanthropie empire de jour en jour. L'enfer, c'est les autres. Sans doute que je deviens extrêmement intolérante et rigide. Je n'ai plus aucune patience avec celleux qui en ont déjà abusé. Bon ça, à la limite. Je n'en ai plus beaucoup avec celleux qui n'ont rien demandé. Tout m'agace. Très vite. Très fort. C'est disproportionné. Et un peu plus embêtant. D'autant que je suis loin d'être parfaite, illes ont au moins tout autant de choses à me reprocher. Je suis une chieuse, versatile, control freak, impulsive, et je peux parfois être un vrai boulet.
Ça me fatigue de devoir tenir compte des autres, je n'en ai plus envie.

 

Pourquoi tu disparais quand on bosse pour organiser un projet, et une fois que toutes les recherches sont faites, tu rappliques en annonçant que ça ne te convient pas ? Ça fait des mois que tu nous fais le coup. Que tu nous empêches d'avancer avec tes exigences. Et bizarrement, quand on te laisse faire tes propres recherches, soit tu n'as pas le temps, soit tu nous proposes des trucs à côté de la plaque et hors budget. Et évidemment, j'peux pas te répondre « va te faire foutre, on se passera de toi ».

Non mais franchement, c'est pas la peine de me répéter que ça te ferait plaisir de me recevoir chez toi si, dès que je propose des dates, ça ne va jamais, tu n'es pas sûre d'être là. Alors qu'on s'était mises d'accord sur la première quinzaine d'octobre. Et puis les horaires de train, ça ne va pas non plus. Et puis faut que tu demandes à ton mec pour ceci, ou pour cela. Et pourquoi tu n'es pas venue plutôt quand il faisait chaud ? Et puis ceci, et puis cela. Je ne t'ai rien demandé, ça rime à quoi de lancer des invitations sans avoir l'intention de les honorer ? Quand j'invite quelqu'un.e chez moi, c'est que ça me fait plaisir de l'accueillir, et je ne fais pas tant de complications. Sinon, je m'abstiens.

Pourquoi je devrais toujours faire des concessions sur ce qui me rend heureuse ? J'ai déjà accepté de rater quelques séances de chorale, pour t'arranger ; mes cours de chant, c'est hors de question. Bah oui, c'est comme ça. Et tant pis si tu trouves que je suis chiante. Mes cours de chant me sont vitaux. C'est le seul exutoire qui fonctionne à peu près. Avec les larmes. Et j'en ai marre de pleurer. Ça fait les yeux gonflés et rouges, c'est laid.

Ça me rend dingue que tu. Toi et toi. Et toi aussi. Me reproche de ne pas rendre mon épaule disponible pour que tu puisses pleurer dessus. Alors que tu n'es pas fichu.e de me demander des nouvelles. De vraies nouvelles. « Coucou, ça va ? » C'était pas trop la joie, mais ça s'est un peu calmé. « Ah cool, et sinon, je pars en vacances, tu veux bien venir nourrir mon chat ? » Euh. Va te faire foutre. Non.

Il n'y a aucune de mes nouvelles rencontres que j'ai envie de revoir. C'est pas tant qu'elles soient inintéressantes. Juste que je n'en ai pas envie. Je n'ai pas envie de leur consacrer du temps. Et je n'ai pas envie de me forcer. Je suis dans une période où je n'ai absolument rien à foutre des autres. Je ne trouve aucun intérêt à passer du temps avec elleux.

J'en ai marre que tu cherches toujours à avoir le dernier mot. Et ne compte pas sur moi pour arrondir les angles. Quand je sais que j'ai raison, je ne vais certainement pas te concéder le contraire. Et comme j'ai toujours raison, on a vite fait le tour de la question. Plus généralement, je ne supporte pas que tu cherches à me diriger, à tout contrôler, à tout superviser. Je ne suis pas ta boîte, OK ? Je ne t'appartiens pas. Je ne t'appartiendrai jamais.
Comme je le prévoyais, reprendre une vie sentimentale me demande beaucoup trop d'énergie. Que je n'ai pas. Que je n'ai pas envie de mettre là. Je vais retourner au monastère.

 

Je n'ai plus personne dans ma vie avec qui je n'ai pas l'impression de faire des efforts. De prendre sur moi. A l'exception de mon jumeau, mais il a ses propres rigidités qui font qu'il n'est pas non plus très à l'écoute. Il ne sait pas écouter. J'peux passer du temps avec lui, à passer des heures à parler de tout et n'importe quoi. Surtout de n'importe quoi. Et ça me ressource. Mais je ne peux pas me tourner vers lui quand j'ai simplement besoin de présence et de soutien. Et il me met pas mal la pression, en ce moment. Que je fuis. Parce que j'angoisse. Et comme je ne suis pas fichue de le formuler sans drame, je me la boucle. Et comme je ne dis rien, il pense que j'y mets de la mauvaise volonté et me le reproche. C'est un peu le problème, de toute façon. J'suis pas foutue d'exprimer ce que je ressens. Même quand on me le demande.
Ça me manque. Je suis constamment dans le contrôle et la représentation. Avec tout le monde. Il n'y a pas un seul moment où j'arrive à me laisser aller. Parce que je sais ce qu'il se passerait si je lâchais prise. Et je n'ai pas envie que mes proches s'inquiètent. Je vois bien que je suis entourée. Pourtant, je ne me suis jamais autant sentie seule. Et c'est complètement de ma faute.