Cette sensation que le temps défile à la fois à une vitesse folle et à la fois beaucoup trop lentement. Yule est déjà passé, et d'ici Imbolc, j'aurai fêté un nouvel anniversaire. Parce que je suis dans une hémorragie temporelle que je n'arrive pas à endiguer. Parce que ça fait beaucoup trop longtemps que je suis spectatrice de la vie. C'est plutôt comme si je m'étais endormie sur le fauteuil de la salle de cinéma.

Et le pire, dans tout ça, c'est que je verrouille tout pour être certaine que ça ne bouge pas d'un poil. Bien évidemment que je veux que ça change. Ça ne me plaît pas d'être en veille. De survivre. A peine. Ça n'a aucune espèce d'intérêt. Si ce n'est que c'est confortable. L'immobilité. Je déploie une énergie dingue à rester immobile, visiblement. Je sais que je suis capable de déployer cette énergie pour d'autres choses qui me rendraient vivante. Mais je n'ai aucun désir. Sinon celui de partir. Il a toujours été là, en filigrane. Je n'ai pas de désir, pas d'ambition. Parce qu'avoir peu, c'est rassurant. On ne peut pas nous enlever grand chose. Ma possession la plus précieuse, c'est mon imaginaire. C'est à lui que je dois ma survie.

On pourrait se dire que l'immobilité me permet de vivre dans ma tête. En partie. Parce que j'ai besoin d'alimenter mon imaginaire. J'ai besoin de l'extérieur pour rendre l'intérieur intéressant. Nouveau. J'ai besoin des autres. Un tout petit peu. Sporadiquement.