Juin 2017, toujours.

Tarabas ne se résigne jamais. Tarabas cherche toujours à me faire changer d’avis. Malgré mes nombreuses mises au point. Et je peux te dire qu'il y en a eu : ça fait des années que ça dure. Il ne veut pas assumer la rupture. Il refuse d’accepter que je ne changerai pas. Que je ne céderai pas.
Je n’ai aucune envie de rompre avec lui. Je n’ai pas envie d’être celle, qui, encore, met un terme à la relation à contre-cœur. Alors que, moi, je suis amoureuse, heureuse de le savoir dans ma vie, et que la situation me convient telle qu’elle est. Je suis satisfaite lorsque l’on se voit de temps en temps. Je suis satisfaite de poursuivre ma vie sans l’inclure dans mes projets. Je suis satisfaite de ne pas le présenter à mes parents, de ne pas l'inviter aux repas de famille. Je suis satisfaite de ne pas nous imaginer dans un, trois, sept, quinze ans.
Pourtant, je l’aime. Je l’aime de toutes mes forces. Ce n’est pas une question de sentiments, d'intensité des sentiments, de passion, d'amour inconditionnel. C’est une question de personne. Je ne fais pas confiance à Tarabas pour l’avenir. Je ne peux me projeter sereinement avec lui, c'est tout.

Pendant longtemps, j’ai pensé que ça venait seulement de moi. Que je n’avais tout simplement pas envie de m’engager. Jusqu’à ce que je rencontre Stark. C’était un mauvais timing, certes. Néanmoins, j’ai compris que j’étais capable de me projeter avec quelqu’un. Que j’étais capable de dépasser mes peurs. Avec Stark, si notre rencontre s’était déroulée dans une période plus favorable, je me serais vue vivre. Partager le quotidien. La routine. Faire des projets à long terme. Même fabriquer des nains, tiens. Même ça, alors que, moi toute seule, je n’en veux pas. Avec Stark, on avait les mêmes valeurs, la même vision du monde, et surtout la même idée de ce qu’on voulait pour nos vies respectives. Je savais qu'il gérerait sans moi.
Ce n’est pas de la nostalgie. Je ne m’accroche pas à Stark. Je sais désormais qu’il me sera possible, quand je l’aurai décidé, de rencontrer une personne avec qui j’aurai envie de m’engager. Pour le moment, je suis encore trop fragile pour me l’autoriser. J’aurais trop peur de retomber dans mes travers. Et si ça ne fait jamais, peu importe. Je sais que c’est possible. Et que ce ne sera pas avec Tarabas. Jamais. Peu importe s’il m’emmène faire le tour de la galaxie sur un nuage supersonique. J’aime Tarabas comme il est, exactement comme il est, et je sais qu’il ne changera pas. Je ne veux surtout pas qu’il change. Il est parfait comme il est. Avec ses défauts. Avec son chaos. Avec son incapacité à gérer les situations compliquées.

J’en viens à la conclusion que ce n’est pas à moi de rompre. C’est lui qui n’est pas satisfait, c’est à lui de prendre ses responsabilités. J’en ai assez d’anticiper les besoins des autres. Le larguer encore une fois parce que nous avons des projets différents, c’est hors de question. Et, pourtant, je lutte contre mon syndrome abandonnique. Habituellement, je préfère toujours me barrer avant qu’on me mette à la porte. J’ai tapé « morte », t’as vu un peu le lapsus, t’as vu à quel point le rejet est insupportable pour moi. La douleur intenable.
Ça suffit, le contrôle. Ça suffit, le sacrifice. Je dois m’occuper de moi et de mes propres besoins. De mes propres envies. Cesser d’agir à la place des autres. Cesser de tout prendre à ma charge. J’ai envie qu’il reste dans ma vie, donc je le laisse faire ses propres choix. C'est son problème, pas le mien.