J'ai accepté que Tarabas ferait toujours partie de ma vie, d'une manière ou d'une autre. De cette vie-là et des précédentes. Peut-être des suivantes, tout dépendra de ce que je suis venue chercher dans ma vie actuelle. C'est un peu comme si Tarabas et moi avions fait un pacte pour que les difficultés que l'on se crée ensemble nous permettent d'évoluer.

Je ne suis pas vraiment heureuse dans cette vie, et je ne sais toujours pas ce que je suis venue y chercher. Néanmoins, je sais que Tarabas est une pièce du puzzle. Quelques soient nos stratégies pour mettre de la distance entre nous, nous finissons toujours par nous retrouver. Pour le meilleur, et surtout pour le pire. Je ne crois pas du tout que Tarabas soit une âme sœur, ou une connerie de ce genre. S'il est encore dans ma vie, ce n'est certainement pas pour que nous vivions une belle histoire d'amour éternelle et merveilleuse. Ça ne marchera pas, car ce n'est pas l'objectif de notre relation. Et puis, il faut bien le dire, ça n'a pas grand intérêt, de vivre une belle histoire d'amour éternelle et merveilleuse. C'est chiant, un peu. Il ne se passe pas grand-chose. On n'apprend pas grand-chose. S'il est toujours là, c'est peut-être pour m'aider à comprendre qui je suis. En repoussant chaque jour un peu plus mes limites. Il n'y aura pas de fin heureuse. Et je suis maintenant convaincue que j'ai choisi de m'incarner dans cette vie-là. Pour apprendre quelque chose. Le travail que je fais sur moi est interminable et difficile. Mon narcissisme exacerbé me permet de m'y engager toute entière, sans frein. C'est une chance.

Je deviens chaque jour une meilleure version de moi-même. Meilleure ne signifie pas que je deviendrai plus gentille, plus généreuse, plus humble ou toute autre bêtise judéo-chrétienne que l'on nous fait entrer si tôt dans la tête. La notion de bien et de meilleur se construit individuellement. Ce qui n'empêche pas de s'imposer des règles collectives pour vivre ensemble. Socialement, un meurtre, ça fout la merde. Individuellement, c'est plus relatif. Ça dépend surtout de la valeur que tu donnes à la vie.

Sa copine est rentrée. La parenthèse s'est refermée. Je n'aurai plus Tarabas au téléphone tous les jours. Je vais devoir apprendre à vivre seule avec le monde extérieur juste derrière ma porte. Le son du monde extérieur traverse les murs, il m'angoisse. J'ai peur. Je ne suis bien qu'avec moi. Dans mon imaginaire. Rien ne change. Tout évolue.