Comme je ne suis pas une personne fiable, voilà ce que j'en suis rendue à écrire aujourd'hui.

J'ai replongé. Toute habillée et sans trop comprendre ce qui m'arrivait.

Il y trois semaines, j'ai retrouvé mon fief. Un an et demi que je n'y avais pas mis les pieds. Je n'étais jamais restée aussi longtemps sans voir mes briques rouges et mes façades à la fois bling-bling et sobres. Je sais pas comment la renaissance flammande a réussi cette prouesse. Sans doute grâce un savant mélange de symétrie et d'angles droits avec une accumulation de détails et de la dorure en veux-tu en voilà. Et moi, la symétrie, ça m'émeut.

J'y ai surtout retrouvé mes Sagittaires d'amour. Il est vrai que mes amitiés sont complètement bipolaires, difficile de faire astrologiquement plus opposé : la moitié de mes meilleurs amis est Sagicheval, l'autre Caprichèvre. En étant à peine caricaturale, avec la première moitié, je bois l'apéro, je parle de cul et je me trémousse sur du Brit-Brit ; avec la seconde je vais voir des expos, j'analyse le monde, et je fais des projets d'avenir (et je les oblige parfois à se trémousser sur du Brit-Brit).
C'était merveilleux. Une bouffée d'air frais. Je ne m'étais pas sentie aussi heureuse depuis longtemps.

J'y ai retrouvé aussi Caillou, mon ancien voisin. Chez qui j'ai passé de très longues heures à parler, à écrire des tracts et à baiser. Et c'est à peu près ce qu'on a fait, une nouvelle fois. Et j'ai adoré passer du temps avec lui. Ce mec est exactement la personne que je serais devenue si je n'avais pas mal tourné, dans le regard de l'adolescente que j'étais. J'ai beaucoup d'affection pour cette adolescente, pleine de fougue, d'illusions, et de naïveté. Tu n'as pas changé le monde, meuf, mais tu as changé, toi, et tu ne peux pas savoir à quel point je suis fière de toi d'avoir fait ce travail, de n'avoir jamais abandonné, d'avoir toujours été là pour toi, pour nous.
J'étais bien avec mon voisin. Nos conversations sont toujours passionnantes et passionnées. Notre complicité est fluide et évidente. Nos échanges de sécrétions particulièrement satisfaisants. J'étais bien avec mon voisin. Mais c'est Sirius qui s'est installé malgré moi au milieu de mes pensées et qui a pris toute la place.

Et voilà. Quatre jours après, j'ai craqué. Je lui ai envoyé un message. Puis un autre. Et encore un autre. La frénésie a repris. On a finit par s'appeler, et il m'a fallu encore quelques heures à éprouver sa méfiance pour admettre. Il me manque. Le quotidien avec lui me manque. Enfin sans lui. Enfin avec lui mais sans lui. Je lui ai dit que je ne savais pas sur quel pied danser. Que je ne contrôlais plus grand chose. Je suis à la fois très heureuse et à la fois complètement en vrac. Il est dingue. Imprévisible. Il m'a envoyé des pivoines. Un énorme bouquet de pivoines. Et, depuis ce matin, à chaque fois que je le regarde, je passe par toutes les émotions.

Ça me rend folle de ne pas réussir à faire ce que j'ai décidé. De ne pas être allée au bout de cette décision. Je ne sais pas dans quel pétrin je suis, ou plutôt je le sais très bien. Finalement, cette décision, je l'avais prise pour de mauvaises raisons. C'était encore une fois plus facile de supprimer la circonstance que de travailler sur les pensées qui me causent des émotions négatives. C'est aussi pour ça que l'écran de mon téléphone n'a jamais cessé d'afficher le fuseau horaire du bout du monde.

Je suis terrifiée. Et ma crème pour le corps sent le saucisson.