J'ai respiré. J'ai réfléchi. J'ai demandé à Pierre Lapin si l'on pouvait se voir. J'avais besoin d'explications. J'avais surtout besoin de sauver ce qui pouvait l'être. Que tout ne s'arrête pas brusquement.

En effet, ça faisait quelques semaines qu'il pensait mettre fin à notre relation. Il n'est pas capable de gérer mon indépendance. Malgré toutes mes promesses et la confiance qu'il me porte. Il sait que je fuis autant que je peux la vie commune. Je ne suis pas prête à dormir dans le lit d'un autre nuit après nuit. Je ne pense pas que j'y sois prête un jour. Il sait que je me ferai toujours passer avant mon couple. Parce que beaucoup de choses passent avant le couple, sur mon échelle de valeurs. Mon élévation sociale est devenue une telle obsession. J'ai beau en parler avec mon psy, c'est pas de ma faute : c'est mon amas de planètes en maison 10. Malgré moi, l'argent est mon moteur. Je préférerais être riche qu'amoureuse. Pierre Lapin le comprend. Pierre Lapin n'occuperait pas le poste qu'il occupe si ce n'était pas pour le salaire très élevé. Mais Pierre Lapin a un sens de la famille bien plus accentué que le mien. Et c'est principalement ce qui nous oppose. Il y a mon jumeau, pour qui je pourrais faire absolument n'importe quoi. Le reste, j'en ai objectivement rien à foutre.
Que j'envisage partir à l'autre bout de la France pour du travail a confirmé ses craintes. Je suis trop libre pour le rendre heureux.

J'ai fait un truc que je ne fais jamais. Décidément, Pierre Lapin a droit à pas mal de premières. J'ai pris mon courage à deux mains. Je lui ai dit que, lorsqu'il sera prêt, j'aimerais retrouver notre amitié. Qu'il compte pour moi. Que ses enfants comptent pour moi. Que j'ai envie de les garder dans ma vie.
Il m'a répondu qu'il était content de m'entendre dire ça. Que je comptais pour lui, et que je comptais pour ses enfants. C'était putain de mièvre. On s'est serrés très fort dans les bras avant que je ne reparte.

On a vécu ce qu'on avait à vivre. Je ne regrette rien. Ma vie amoureuse, ces bulles de savon, qui s'élèvent et finissent par éclater. Je sais que je ne devrai pas miser dessus pour me rendre heureuse. Mon bonheur ne se trouve pas dans un double carré de ma Vénus et de mon Soleil avec ce farceur de Pluton, qui squatte joyeusement ma maison 7. Ma vie amoureuse est truffée d'obstacles. Il demeurera toujours un fossé entre ce que je veux, ce que je cherche, ce qui m'attire et ce qui me rend heureuse. Je l'ai accepté. Et je suis apaisée.