Fin janvier.

Je me rends compte que j'ai vraiment besoin de ne pas être en couple pour réussir à avancer. Je l'ai toujours ressenti comme un frein à mon épanouissement, mais aujourd'hui, j'éprouve le besoin viscéral de me réaliser seule. Et surtout, j'ai un gros travail à faire sur moi pour sortir totalement de la séduction. Pour arrêter de sourire, parfois. Pour ne plus avoir besoin de charmer. Quand je disais qu'après Tarabas, j'entrerai définitivement au monastère. On y est, les gars. Et très honnêtement, je n'ai jamais été aussi confiante en l'avenir que depuis que je suis la seule maîtresse à bord et que je ne dois plus envisager de concessions.

Bon, mon monastère est quand même sacrément progressiste.
Parce que j'ai un mal fou à ne pas séduire. Parce que ça ne m'a pas empêchée de flirter avec mon bébé collègue de tout juste 23 ans. Ça m'a permis de rendre le temps de travail un peu moins long et un peu plus agréable. Le décalage a fini par se faire ressentir. Beaucoup, trop. Ce n'est pas qu'une question d'âge ; je n'avais jamais ressenti ce décalage avec. J'crois qu'il n'a fait l'objet d'aucun épisode de Soupe au lait et coeur d'artichaut. Le mec pour qui mes charmantes copines m'ont offert Osez devenir une cougar. Tout ça parce qu'il avait quatre ans de moins. Cette fois, j'ai du tout arrêter parce que je me sentais un peu pédophile.
Parce que ça ne m'a pas empêchée non plus d'accepter des rencards avec un quinqua. Un Taureau martien, fonceur et extrêmement entreprenant. Vite, trop vite. Moi, j'aime pas ça du tout, il n'y a que le jeu qui m'intéresse, dans la séduction. Et un peu trop paternaliste. Qui voulait m'expliquer la vie à moi, la jeune poulette inexpérimentée. Qui me regardait, un peu de haut, avec un sourire amusé. Ça m'est assez insupportable. Encore une fois, je me fous de son âge mais je ne cherche pas un père. Surtout pas. Je l'ai fait tourner en bourrique. Et puis, j'ai fait absolument tout ce qu'il fallait pour le décevoir. Pour montrer exactement les facettes de ma personnalité qui étaient à l'opposé de ce qui lui avait plu chez moi. A jouer la fille légère et indépendante. Tu vois, mec, ça ne pouvait pas marcher, parce que ce qui me plaît le plus chez moi, c'est justement cette fille légère et indépendante. Joueuse, espiègle. Qui te menace pour payer les verres. Qui te prédit un avenir proche en déambulateur. Pas le paquet de ouate auquel tu croyais t'attaquer. La Verseau plutonisée, quoi. Et pas la vénuso-lunaire. C'est pas seulement la méchante sorcière qui a fait le coup. Elle était sous les ordres de la p'tite voix. Parce que tout faire pour ne plus plaire (alors que c'était un peu gagné d'avance), ça participe à mon besoin de sortir complètement de la séduction, de ne plus être la Zizanie femme à séduire, juste la Zizanie humaine qui a des choses à dire. La Zizanie qui a des rêves et qui n'a besoin de personne pour les réaliser. Tout simplement, la qui n'a pas besoin d'avoir quelqu'un dans sa vie pour être heureuse. La Zizanie qui n'a pas besoin d'avoir quelqu'un dans sa vie pour avoir confiance en elle. La Zizanie qui est bien juste en sa propre compagnie et qui croit en ses rêves. Et jusque-là, mes histoires d'amour, de sexe, de je-ne-sais-pas-trop ont été des freins. Ou plus précisément de jolies images qui m'empêchaient de voir ce qu'il y avait derrière.