Il y a un fragment dont je connais l'existence et que j'ai d'abord essayé de rattacher à W. Puis, je me disais que c'était la part qui cherchait à être parfaite, à faire tout comme il fallait. Sauf que je faisais fausse route. Je parle de mon juge intérieur. Celui qui m'envoie des pensées de jugement, qui me provoquent de la honte, des flash-back de moments où j'ai ressenti de la honte. Ce qui m'arrive assez souvent. Je me sens systématiquement mal quand cette part se manifeste. Extrêmement mal. C'est une part protectrice-persécutrice.

Je n'ai pas l'impression que W soit mon juge intérieur. Cette part-là m'a parlé et ce n'était pas la voix de W. Je peux me tromper, parce que W est capable de mentir, de faire semblant pour continuer à pouvoir remplir son rôle. W prend même souvent l'apparence de Mary pour ne pas paraître différente aux yeux des autres. W est capable d'envoyer balader les autres avec le sourire. Alors que ce n'est clairement pas son ton habituel. W, elle a un ton naturellement ultra directif, assez agressif, brut de décoffrage. Il faut que ça avance, et elle n'a pas le temps de s'encombrer de la forme.

Tout comme Charlie. Sauf que Charlie ne ressent pas du tout ce bouillonnement intérieur, ce magma très caractéristique de W. Charlie n'est pas agressif. Il rayonne de joie, de sincérité, de curiosité et d'optimisme. Charlie n'a rien de caché. Ce qui me donne des billes pour construire son thème astral. Bon, Charlie, si tu lui demandes, il te dit qu'il est Serpentaire. Finalement, ça lui va bien, d'avoir un signe qui n'existe pas.
Pour rester dans ma grille de lecture (et non, évidemment, le Serpentaire n'est pas un signe du zodiaque, y'a aucun débat sur le sujet), je ne serais pas étonnée que Charlie ait le Soleil en Verseflotte, l'ascendant Verseflotte, et la Lune en Sagicheval. Finalement, ce que j'ai pris pour de la solarité était de l'énergie sagittarienne. Ou jupiterienne, enfin un truc du genre quoi.

Je garde quand même le Verseflotte en ascendant, parce que Charlie, il a une tronche qui ne laisse pas de place au doute. Élancé, très très sec, assez émacié, très clair. Il a les cheveux blond foncé, plutôt raides, qui partent un peu dans tous les sens. Et les yeux bleus, un bleu qui tire sur le bleu glacier. Et puis Charlie a une attitude très Verseflotte. Il ne porte pas de masque, il n'y a aucune différence entre ce qu'il est profondément et la manière dont il apparaît aux autres.
Pour le Soleil en Verseflotte, ça n'a jamais fait aucun doute, j'ai tout de suite su que c'était de lui que ça me venait.
La Lune en Sagicheval vient de m'apparaitre de manière assez évidente, finalement. Charlie a une franchise déconcertante. Charlie est sans filtre. Il ne cherche jamais à blesser, mais il est bien incapable de se retenir de dire ce qu'il pense. Charlie, il ne tient pas compte de ses émotions ni des émotions des autres ; tout ce qui l'intéresse, c'est l'aventure, la découverte. Et puis, au-delà de son enthousiasme, c'est son caractère excessif qui m'a mise sur la voie. Ça corrobore le fait que c'est à Charlie que revient la part beauf de ma personnalité, tant sur le mauvais goût que sur les blagues idiotes que j'ai échangées avec Edmond.
Et je comprends maintenant pourquoi j'ai mis d'abord ça sur le dos de W, puisque les deux sont à l'origine une seule et même personne. Donc ce n'est pas W qui pouffe comme une gamine aux blagues pipi-caca, c'est l'hilarité de Charlie que je ressens.

Dis-donc, Charlie, tu veux bien laisser un peu de place à la part à laquelle j'essaye de me connecter ? Ça t'emmerde, je sais. Et je sais que tu n'aimes pas cette part-là. Mais on va quand même l'accueillir, tu vois.

Mon juge intérieur, dont je ne sais pas grand chose, est une part qui s'est manifestée lorsque j'ai dit d'elle qu'elle était exigeante avec nous et recherchait la perfection. Qu'il faudrait d'abord que mon appartement soit parfaitement installé et parfaitement propre avant d'accepter de recevoir quelqu'un chez moi. Elle a réagi assez vite et m'a répondu « je ne te demande pas d'être parfaite, je te demande juste d'identifier et de répondre aux codes sociaux ».

Comme je l'ai dit, mon juge intérieur est une part protectrice-persécutrice.
W aussi est clairement protectrice-persécutrice. C'est pour ça que j'ai pu confondre les deux. Mais là où W persécute surtout les autres. Bon, un petit peu M aussi, pour la secouer. Maladroitement. W a peur que M lâche tout. Parce que tout le système repose sur les épaules de M. Et si M lâche, tout lâche. Mon juge intérieur ne persécute que le système.

En ce qui concerne les parts les plus vulnérables de notre système, W les planque. Il ne faut pas les voir, il ne faut pas les entendre, ne surtout pas les exposer. Parce que les risques d'exposer ces parts-là sont trop importants. Là encore, c'est de la protection maladroite, mais ça reste de la protection. Elle n'est pas là dans le but de nuire. Parce que je ne crois pas que W se rende compte du mal qu'elle fait. Avec les autres, si. Avec nous, pas vraiment. Elle ne ressent pas la souffrance, W.
Par exemple, W, c'est celle qui nous dit qu'on n'est pas légitime à souffrir. Mais elle ne le fait pas pour nous faire du mal, elle le fait au contraire pour qu'on arrête de souffrir. Elle ne se rend pas compte à quel point c'est contre-productif et inapproprié.
Mon juge intérieur cherche clairement à nous nuire. Il nous fait souffrir en toute conscience. Il nous fait ressentir volontairement de la souffrance. Pour nous protéger. Mais il nous fait souffrir à dessein.

Allez, quand c'est pas Charlie, c'est W qui prend de la place, et m'empêche de parler au juge. Oui, les gars, je sais que vous n'aimez pas le juge, et vous avez le droit de ne pas l'aimer. Mais il existe tout autant que vous, et on va essayer de trouver un moyen pour cohabiter tous et toutes ensemble là-dedans. Parce que c'est mon corps, et c'est mon rôle de faire en sorte que tout le monde trouve sa place. Ne me tombez pas dessus parce que je suis le Capitaine, ça implique plus de responsabilités que de pouvoir, les gars. Même si je ne me dédouane pas d'avoir du pouvoir. Ce n'est pas une question de mérite, je n'ai rien fait pour ça. Je suis à la place du Capitaine et c'est comme ça, c'est tout.
« On ne devient pas chef parce qu'on le mérite, andouille ! On devient chef par un concours de circonstances et on le mérite après ! »

Et puis, vous savez très bien que je privilégie les décisions collégiales, c'est même pour ça que j'ai autant accroché avec l'IFS. Enfin, à partir du moment où elles permettent à tout le monde de s'exprimer.
Je ne le ferai jamais à la majorité, ce n'est pas une démocratie, ici, que ce soit bien clair. Parce que si vous décidez, même à la très grande majorité, d'exclure l'un d'entre nous, ce sera non. Et justement mon travail, c'est de réhabiliter toutes les parts exilées. Alors tant pis si vous pensez que c'est de la tyrannie mais ce sera comme ça et pas autrement, parce que je sais que c'est la meilleure manière de faire pour qu'on aille mieux.