Juin 2017.

Mon asthénie et mon inertie sont peut-être tout simplement un besoin vital. Parce que je me rends compte qu'avec mes proches je gère tout, j'anticipe, j'organise, je prends toutes les initiatives, je pense à tout, pour les autres, à la place des autres, je leur insuffle du dynamisme. Alors à un moment, j’ai besoin de lâcher prise.

Je suis celle qui :
- Prend en main l'itinéraire, joue le copilote, le guide. For every step in any walk, any town of any thougt, I’ll be your guiiiiide… Ta gueule, jukebox, tu crois que c’est vraiment le moment de faire ton intéressant ? Assoupie depuis à peine dix minutes, j'ai été réveillée par la voiture faisant huit fois le tour d'un rond-point, alors que c'était pas compliqué bordel, y'avait un énorme panneau qui indiquait « LORIENT ». Quand tu pars de Paris et que tu cherches à rejoindre le Morbihan, y'a pas soixante directions à prendre. J'suis nulle en géographie, mais quand même.
- Gère les conflits et les anticipe. En permanence. Comme en éducation positive avec Marcelle, je détournais son attention avec un jouet quand elle allait faire une bêtise. Bah j'fais pareil avec les humains. Même totalement adultes.
- Gère les névroses de chacun. Enfin, je gère, je gueule quand les autres sont incapables de se gérer eux-mêmes au point que ça mette nos vies en danger. Quand t'as un conducteur déjà stressé par la conduite, tu ne peux pas te mettre à vociférer et exprimer tes angoisses démesurées. Non, ce n'est pas une option. Soit tu prends sur toi, et tu laisses le conducteur faire ce qu'il a à faire, soit tu fermes ta putain de gueule et tu me laisses gérer le stress du conducteur tranquille.
- Propose des choses à voir, des activités à faire, prépare le trajet pour les rejoindre.
- Traîne les autres pour marcher, se balader. Parce que non, tu ne pars pas en vacances dans un endroit magnifique pour rester à la maison ou dans la voiture.
- S'occupe de l'intendance. Du rangement. De l'organisation des lieux.
- Cherche la composition des menus, prépare les repas, les équilibre, leur donne du goût. Bah non, c'est pas parce que t'es en vacances et que tu n'as pas emporté toute ta cuisine qu'on va se passer de légumes frais. Bordel, j'sais pas d'où j'ai hérité mon ascendant Taureau (parce que généalogiquement, j'suis incapable d'expliquer plusieurs points de mon thème, et j'en arrive à la conclusion que je suis la fille du facteur, vu que tout le reste de la famille est cohérent), mais heureusement qu'il est là pour vous nourrir.

Enfin, c'était ça, jusqu'à ce que je pète un câble. Parce que je ne vous ai demandé qu'une chose avant de partir. De me laisser un peu de temps pour me recueillir à des endroits sacrés pour moi. Et vous gâchez mes retrouvailles avec ma forêt, avec ma fontaine, avec mon enchanteur et mes fées. C'était tout ce que je souhaitais. La raison pour laquelle j'ai choisi de venir. J'ai pris quelques minutes pour que y porter mes offrandes, mais le signal de mon intention était brouillé par le stress, la pression, les contrariétés, des demandes d'attention des un·e·s et des autres. Quel est l'intérêt d'une offrande si elle ne s'accompagne pas de l'énergie que l'on souhaite y mettre ?

Laisser les autres faire ce qu'ils veulent ? Non. Parce que sinon, ils passent leur temps à se taper dessus, à se plaindre et à me faire plein de reproches. Si je veux survivre et en profiter un minimum je n'ai pas d'autre choix que de les driver. Et puis, quand je me suis barrée – parce que j’ai fini par le faire –, l’ambiance s’est dégradée immédiatement. Z’ont repris leurs vieilles habitudes moisies. Chacun dans son coin, on ne se parle que pour s’engueuler, on ne fait rien de la journée, on grignote un bout de pain quand on a faim. Joie de vivre.

https://media.giphy.com/media/elzt03Q2Hg568/giphy.gif

Accepter que je ne les changerai pas. Et que je ne suis pas responsable de leur malheur.

Tu m'étonnes qu'ensuite, je n'ai qu'une envie : me rouler en position fœtale sous ma couette. Je ne suis pas feignasse, je suis lasse. Et complètement control-freak et dans l'ingérance, certes.

 

Objectifs de toute une vie :
- Avec les autres : Accepter que je ne peux pas aider tout le monde. Surtout si ça m'empêche de vivre. Renoncer à cette place, à ce statut, à cette satisfaction personnelle.
- Avec moi : Baisser mes standards. Arrêter de me mettre des attentes sur la personne que je dois être, arrêter de me mettre une pression pas possible à chaque fois que je dois faire quelque chose, le trouver complètement nul, pas à la hauteur, et me rendre compte ensuite qu'il était bien mieux que ce que la moyenne des gens aurait fait. Arrêter de chercher à répondre aux attentes des autres. Ou plutôt de l'idée que je me fais des attentes des autres. Ce qui est souvent bien différent.