Panda, loin d'être idiot, a très vite saisi qu'on ne se connaissait pas qu'« un peu ». Il a voulu en savoir plus. J'ai bien tenté de rester évasive. En vain.

« Tu es encore amoureuse de lui ? »
Non.

Je me suis surprise moi-même à répondre aussi facilement par la négative. C'était sans appel. Non, je ne suis plus amoureuse. Je l'aime. Je suis toujours émoustillée par sa présence. Cependant, je n'ai plus envie d'attirer son attention. Je n'ai plus envie de passer du temps avec lui. Il ne me rend plus folle de désir. Il ne me donne pas envie d'y retourner. J'crois que l'élastique qui nous reliait a fini par craquer.

Mon trouble, lorsque je l'ai aperçu, ce n'était pas de l'amour. L'effet de surprise, évidemment. Et puis. Notre rupture m'a sauté à la gorge. Et avec elle un flot ininterrompu de souvenirs et d'émotions divers et variés.

Panda a continué à me poser tout un tas de questions. Pour esquiver, j'ai fini par lui dire que je préférais danser. Avec un peu de chance, je finirai par y prendre goût. Au lâcher-prise. Pour l'heure, je fais semblant.
Avec Panda, je me sentais suffisamment en confiance pour avoir envie de me laisser toucher. Parce que c'est ça, aussi, le problème avec la danse. La proximité physique. Je déteste être en contact avec des inconnus. Et puis la peur de mal faire.
Avec Panda, je ne sentais pas de jugement. Ni d'intentions. De la connivence saupoudrée d'une pincée de séduction. Je ne me sentais pas prise au piège. En dette. C'était un moment sympa et agréable, rien de plus. Et justement, je n'avais envie de rien de plus.

Parce que j'ai pris des engagements auprès de quelqu'un d'autre. Et j'ai bien trop de respect pour lui autant que pour moi-même pour recommencer à faire n'importe quoi. Ça m'arracherait les doigts d'écrire que je suis en couple. On ne va pas se mentir, ça y ressemble quand même pas mal. C'est un Capricorne, donc je n'ai absolument rien à en dire. Capricorne, et mercuro-lunaire, je crois. De ce que j'ai pu lire de son thème. Autant te dire que la dimension charnelle n'est que très secondaire dans notre relation. Et la passion inexistante. Ça me convient plutôt très bien, en ce moment.

Ensuite, j'ai retrouvé ma collègue. Qui lançait une balle pleine de bave au chien. On a papoté un peu avec Bonnie. On a surtout dit du mal de nos étudiants. Pour changer. Et puis, j'ai décidé que j'avais fait suffisamment d'efforts sociaux pour la soirée, et qu'il était temps de rentrer.

Ce n'est que trois jours plus tard, pendant une pause déjeuner, que j'ai échappé de peu à un nouvel interrogatoire sur Tarabas. Je suis habituellement extrêmement discrète sur ma vie amoureuse, ça n'a pas manqué d'intriguer Bonnie et Clyde. Je m'en suis sortie avec une pirouette. Bah oui, je connais Tarabas, le monde est petit, tout ça, tout ça. Eh dis donc, il est vraiment joli le papier peint que vous avez acheté pour la chambre du bébé ! Lance des parents sur leur progéniture et ils deviennent intarissables.