Je me retrouve seule avec moi-même. Et ça fiche sacrément la trouille. Un couple d'humains copule dans la pièce à côté. J'ai froid. C'est vide, à l'intérieur. Je viens d'ingurgiter un tas de trucs. Je ne sais plus bien. Besoin de remplir tout ça. Puits sans fond. Trapèzes noués. Les ongles enfoncés dans les paumes. La chair qui cède sous la dent.

Elle est là, tout près, l'angoisse de la rentrée. Logée juste sous la poitrine.
Se lever au milieu de la nuit. Renverser la moitié du paquet de café tout autour du filtre, voire le filtre lui même, et déclencher la buse vapeur en me trompant de sens, systématiquement. Avoir l'impression d'ouvrir la porte du frigo en sortant de la douche. Me reprendre à deux fois avant de réussir à mettre mes yeux parce qu'ils refusent de s'ouvrir. Tartiner le sol, le lavabo, le mur [rayer les mentions inutiles] de crème hydratante, qui pourtant a plombé mon budget d'étudiante le mois précédent. Pester parce que mes yeux ne sont jamais pareils. Maquillés. Ingurgiter mon café refroidi. Éntendre Stéphane Guillon en tirant sur les lacets de mes Converse. Je suis déjà en retard.
Et puis le métro, ses pannes et ses passagers.
La première clope que l'on se visse entre les lèvres, en montant l'escalator. Les sept minutes de marche puis les trois étages.
Je ne sais pas si j'en ai envie.

Ami regarde-moi, j'ai le coeur qui renverse
La mémoire de ses yeux qui me colle à la peau
Et dans les bars du port, je cherche magie noire
Pour délivrer mon corps du sort qu'on m'a jeté

Douleur sourde. Une vieille cicatrice encore sensible. Rougeâtre. Chaude. Boursouflée. Laide.
Je ne m'y ferai jamais. Question. Impression.
Demain, il fera jour.