Toujours fin janvier 2017. Ces posts se croisent avec les derniers écrits sur mon blog. Le relire me fait l'effet d'un boomerang.

 

Toujours égoïste et autocentré, un nouveau post pour mettre à jour les derniers événements de la saison précédente.
J'ai été nulle avec Rahan. Vraiment pas sympa. Je n'avais jamais de temps pour lui. Je ne me préoccupais pas de ce qu'il vivait, de ce qu'il ressentait. Parce que j'étais complètement renfermée sur ma pomme. Et ça s'est empiré. Sans Marcelle, il n'y a avait plus aucune raison pour que je maintienne le contact. Plus aucun prétexte. Il m'a larguée. Je m'y attendais. J'ai envoyé un message à une pote quelques semaines avant pour lui annoncer que j'allais me faire larguer. Il a mis plus de temps que je ne le pensais. Ça ne m'a fait ni chaud ni froid. Même pas à l'ego. J'avoue aussi que je n'ai plus trop d'ego. L'absence est à l'amour ce qu'est le feu au vent ; il éteint le petit, il allume le grand.

Je n'ai pas ménagé Tarabas non plus. Mais ce n'est pas exactement la même relation. Ni le même feu. Et comme j'ai été très présente pour lui, il y a quelques mois, il estime que c'est à son tour de faire preuve d'abnégation pour moi. J'ai failli le larguer. Quand Rahan a rompu, j'ai voulu jeter le bébé avec l'eau du bain. Je fais tout le temps ça. Il m'a retenue très fort. M'a promis qu'il ne me demanderait rien. Et si je suis encore avec, c'est juste parce que j'ai pas vraiment l'énergie de m'opposer à sa volonté. Honnêtement, j'ai autre chose à foutre que de penser à être en couple.

La bonne nouvelle, c'est que j'ai enfin compris que ma dépression ne venait pas de moi. Qu'elle n'était pas la mienne. Enfin, mes réactions sont le résultat d'une construction personnelle et imaginaire à un contexte, mais je ne suis pas responsable de ce contexte, et je n'ai pas à culpabiliser pour ça. Mouais, facile à dire, je me trouve quand même stupide à ne pas arriver à en sortir. Pourtant, si je veux survivre, faut que je me tire très vite. Ou que j'apprenne à m'en détacher intérieurement. Que j'échappe encore une fois à cette famille complètement destructrice, à ce système dysfonctionnel qui me broie et m'immobilise. Mon instinct de survie l'a compris très tôt, sans avoir besoin de l'intellectualiser. Depuis l'enfance, je cherchais à partir, je l'ai fait dès que j'en ai eu la possibilité. Mais le mécanisme de détachement n'est pas encore totalement au point, je suis retombée dedans.

Concernant mon asociabilité, tu ne peux pas aller à la rencontre des autres si tu es narcissiquement défaillant. Et c'est précisément ce qui ne vient pas de moi. La manière dont se comporte ma famille, le rôle qu'ils me donnent à jouer, c'est un rôle sacrificiel, qui me laisse croire que je suis bonne à rien d'autre. Donc je reste enfermée, et plus je reste enfermée, plus j'ai une piètre opinion de moi, moins j'ai envie de sortir et plus j'ai peur de me confronter aux autres. Je ne me sens pas assez bien, pas assez intéressante, pas assez jolie, pas assez compétente pour chercher un boulot à la hauteur de mes études. Et par extension, pour chercher un boulot tout court. Parce que ça implique d'être en relation avec d'autres personnes. Une vie sociale que je ne suis pas en mesure d'assumer. En vrai, c'est ça depuis que je suis petite. Et puisqu'iels m'ont fait croire que ça venait de moi, que j'étais marginale, différente, fragile, ben ça a commencé très tôt. J'étais pas du tout différente des autres, j'avais juste une famille toxique qui m'empêchait de créer des liens avec des étrangers.

Je ne suis pas vraiment asociale. J'ai plaisir à voir les gens. Quand il ne s'agit pas de parler de moi. De parler tout court. Assis autour d'un café. Parce qu'une fois qu'on a fait le tour de tous les sujets possibles, on en vient toujours à. Et toi, tu deviens quoi ? Moi, je deviens rien. Je ne fais rien. Ma vie est en stand-by. Depuis longtemps. Et je n'arrive pas à en sortir.
Et. Je ne me sens pas assez solide et compétente pour dire non à une situation qui ne me conviendrait pas. Tu vois, autour de moi, j'ai l'image d'une petite rebelle qui a le "non" facile. Sauf que c'est faux. Je ne sais pas dire non. Je me laisse dévorer par les situations et par les autres. Je ne sais pas mettre de barrières. Et c'est aussi ce qui me fait autant flipper dans le système. Qu'implique un boulot avec une hiérarchie au-dessus. Ou ne serait-ce qu'un travail d'équipe. C'est pour ça que je fuis. Parce que je sais qu'il me détruira tant que je ne serai pas capable de mettre des limites. Ou jusqu'à ce que je plante tout, avec perte et fracas. Comme j'ai toujours fait jusque-là.

Pour mes 31 ans, j'ai pris des résolutions de compétition :
- Me revaloriser narcissiquement. De toute urgence. Donc me tirer vite fait. M'éloigner de la toxicité du système familial.
- Apprendre à dire non, à mettre des barrières, ne serait-ce qu'intérieurement. De plus me laisser envahir par les émotions et les besoins des autres.
- Acheter un déambulateur.

Le truc, c'est qu'après une longue analyse avec le psy, je fais face à un putain de dilemme :
1) Je me tire, je bosse dans n'importe quoi qui me permette de me payer un loyer et à bouffer, je sors rapidement de l'emprise familiale. En prenant garde pour ne pas y retomber, ce qui ne sera pas une mince affaire, vu que la première fois que je me suis barrée, j'ai reproduit la situation de dépendance avec mon ex-meilleur pote, qui était alors la porte de sortie la plus proche.
2) Je reprends des études (oui, encore), qui m'aideront à me revaloriser. A gagner du temps, aussi. Mais de faire un truc dans lequel je me sens utile et importante. Parce que sérieusement, je l'ai toujours en travers de la gorge de tout avoir laissé tomber. Et les études, c'est le seul endroit dans lequel je me sens bien et dans lequel j'arrive à dire non. S'il y a bien quelque chose que mon passage dans mon lycée alternatif de branleurs m'a appris, c'est que j'avais le droit de dire non. Avant ça, je subissais les situations. Bon, du coup, j'ai pas réussi à l'appliquer à d'autres domaines de ma vie, mais celui-là est une bonne base de départ pour généraliser le mécanisme. J'en ai rien à foutre de m'accrocher à une vie étudiante alors que je suis trop vieille si c'est la seule chose qui me rend heureuse. T'façon, c'est pas moi qui le dis, c'est ma lune. Ça te l'explique très bien ici, j'suis née sous une lune gibbeuse. Ben quoi ? J'ai les arguments que je peux. Ça ou autre chose, t'façon, y'a rien qui ne sera assez convaincant pour celleux qui pensent qu'il est temps pour moi de travailler et qu'il faut que j'arrête de m'accrocher à des études qui ne font que repousser l'échéance. N'empêche, quand je suis tombée dessus, j'ai éclaté de rire. Sauf que si je reprends mes études, pas de sous pour l'autonomie. Donc ça implique de rester dans la même situation. Et ce n'est pas une solution qui convient à mon instinct de survie.

Va falloir faire un choix. Rapidement. Plus question de me laisser flotter dans cette hémorragie temporelle.