J'ai quinze ans. J'ai quinze ans et je m'apprête à revoir mon amoureux de l'été, après des mois à s'envoyer des lettres embrasées. Oui, je suis assez vieille pour avoir vécu à une époque où l'on envoyait des lettres à ses amoureux de vacances.

Je vais revoir Sirius. Ça me met dans un état d'excitation délirant. Mes hormones ont sorti le trampoline. Mon cœur bat tellement fort qu'il va finir par sortir de ma poitrine. Mes jambes fourmillent d'envie de courir le retrouver.
Je ne peux toujours pas aller jusqu'à lui, mais lui peut maintenant venir à moi. Il n'était plus question d'hésiter. On devient tous les deux zinzins de ne pas pouvoir se voir.

Y'en a marre de parler, ça va bien. L'impatience du Mars en Lion. Je trouve ça même étonnant qu'il n'ait pas vrillé avant. C'est du Feu, certes. N'ayant pas cet élément dans mon thème, je ne suis pas toujours à l'aise avec. Mais ce Feu-là est bien plus gérable qu'un Mars en Bélier, pour moi. Si Mars en Lion ne fait pas dans la dentelle, ce n'est pas un marteau-piqueur. Et, surtout, la méchante sorcière peut jouer à fond. C'est tellement facile d'obtenir ce que tu veux d'un Mars en Lion, il suffit de lui répéter que c'est le plus beau, le plus fort, le meilleur. Les Mars en Lion, les Lions en général, aiment surtout ceux qui les aiment et les admirent. Ça tombe bien : je suis une groupie surentraînée.
Ce que ses placements en Lion apprécient moins, c'est que je suis aussi un tyran ultra borné. J'y peux rien, je suis quasiment crucifiée en signes fixes. Et d'une franchise parfois déstabilisante et provocatrice. Mais ça je crois qu'il aime bien, en réalité, que je ne sois pas qu'une groupie qui aille toujours dans son sens.

Je parle de ses planètes en Feu, parce que c'est ce qu'on voit en premier chez lui. Parce qu'un ascendant Lion, ça se repère à des kilomètres à la ronde, même lorsque tu es de dos et dans le noir. Ça prend toute la place et c'est très bien comme ça, parce que c'est une place dont je ne veux pas. Et parce que c'est l'inconnu qui m'attire et qui me trouble.
Il a aussi un coté très Eau, qui m'apaise et me rassure. Les Eau sont complètement fucked-up, il faut dire ce qui est, ce sont les gens les plus désaxés du monde. Et je parle en connaissance de cause : j'en suis. Le stade suprême du dérangement psychologique étant la Lune en Scorpion ; une grande partie de mes amis a ce placement, ça en dit long sur mon propre dérangement psychologique. Pas lui, je tape juste gratuitement sur la Lune en Scorpion. Sa Lune est en Cancer et c'est pas beaucoup mieux. Mais c'est justement un élément que je connais bien, que je comprends et que je maîtrise.

J'ai essayé de ne pas m'enflammer. Tu parles. Si, si, j'ai vraiment essayé. Parce que plus je vais monter haut, plus la chute sera violente. Je me fous des conséquences. Parce que je me fais suffisamment confiance. J'ai confiance en ma résilience, je serai toujours là pour moi et je ne me laisserai pas tomber, quoiqu'il arrive. Alors je plonge. Et je me remplis d'émotions jusqu'à la noyade. J'apprendrai à nager quand il le faudra.
On regrette toujours de ne pas avoir suivi nos envies, rarement l'inverse. Sirius est une pépite, je suis heureuse qu'il se soit trouvé sur mon chemin. Et si je sais que ça ne durera pas. Pour plein de raisons. Qui n'en sont que pour moi. J'ai envie de me laisser vivre une histoire avec lui. J'ai envie de me laisser tomber amoureuse. Même si je tombe amoureuse comme je tombe d'une chaise.

Les jours à venir vont être particulièrement inconfortables tant je trépigne d'impatience. Et tant j'appréhende. A bas les euphémismes : je suis morte de trouille et j'ai l'impression que je vais crever.
Je choisis de vivre cet inconfort. Parce qu'il me fait grandir. Et parce que je veux vivre l'expérience humaine dans tout ce que cette incarnation a à m'offrir et à m'apprendre.