L'autre, elle délaisse son blog pendant deux mois et elle réapparaît pour pondre un nouvel épisode de Soupe au lait et cœur d'artichaut. T'façon, dès qu'elle a des papillons dans le ventre, elle vomit des paillettes absolument partout. Parce que je suis amoureuse. Oui, encore. Je tombe amoureuse toutes les deux minutes, c'est mon fonctionnement de base. Ça me passera. Sinon j'aurais pas appelé le soap de ma vie comme ça.  En vrai, je voulais faire un article sur lui, il y a quelques mois de ça. Lui. Et puis, en fait, non. Faudrait que je fouille dans mes archives, voir si je ne peux pas en sortir quelque chose, quand même. Parce que l'histoire est. Particulière.

Appelons-le Stark.

Quand je l'écoute jouer de la basse, je ferme les yeux, je penche la tête en arrière, et mes glandes lacrymales se déversent à l'intérieur de mon corps. Je les sens fourmiller dans ma gorge, dans mes bras, dans ma poitrine. Jusqu'aux ongles de mes orteils. Je suis une groupie, ça non plus, c'est pas nouveau. Une groupie cœur d'artichaut.

Alors c'est sûr qu'avec un thème astral pareil, on n'est pas partis pour une relation tout ce qu'il y a de plus sereine. Elizabeth Teissier confirmera. Certes, ce n'est pas le mec le plus stable, le plus optimiste, le plus sain, le plus apaisé. Il a déjà disparu sans prévenir pendant trois mois ; il le fera sans doute de nouveau. Il est comme ça. Un poil torturé, un brin égocentrique, un soupçon introverti. Euphémismes.

Il est comme il est. Je n'attends rien de cette relation. Je n'ai pas besoin de lui. Je n'ai pas besoin de lui pour être heureuse. Je n'ai pas besoin de lui pour être épanouie. J'aime être avec lui. Il me transporte. Il me fait rêver. Il me fait perdre mon temps et moi le sien. Parce que c'est ça, on perd notre temps ensemble, et c'est exactement comme ça qu'on entend le partager. Nos concours de sarcasmes, nos échanges interminables, nos lubies de carrières, notre imagination débordante, notre culture hipster à moitié assumée, notre amour du rock, notre amour de la musique, notre goût pour les mots, l'écriture, les livres. 

Et puis le sexe. Parce qu'on a fini par céder à nos hormones. Pourtant, ça nous a pris du temps. Quatre mois. Quelque chose comme ça. Un peu plus peut-être. Avant de se sauter dessus. Quand je vous ai dit qu'elle était particulière, cette histoire. On a joué un bon moment. On s'est cherchés longtemps. Ouais d'accord, faut compter aussi avec son absence. Et puis. Quand on s'est revus. Il nous était impossible de brider nos corps ne serait-ce qu'une seconde de plus. On avait assez parlé. Ils avaient envie de s'exprimer. Là, sur le trottoir. Mes mains dans ses cheveux, ma langue contre la sienne, son souffle sur mes lèvres. En fin de compte, on n'ira pas le boire, ce verre. Elle est là, ta coloc' ? Putain, dépêche-toi d'ouvrir la porte.
C'était animal. cru. Sensuel. Moite. Fébrile. Langoureux.