Danse avec Handel. Un menuet entrainant. Un diaphragme un peu flemmard. Une voix pas encore très agile. Et qui commence à s'élargir. En ralentissant le tempo, ça va tout de suite beaucoup mieux.

Envie de progresser à toute vitesse. Envie de m'y mettre à fond. Pour y jour pouvoir camper une Salomé embrassant la tête de Jochanaan. Une Violetta agonisante. Ou encore une Norma vocalisant. Pour le coup, ça demande énormément de travail quant à la souplesse de la voix. Tremble, carcasse !

Je vais profiter de cette année loin des cours de chant pour me (re ?)mettre au solfège. Ma bête noire. C'est tellement rébarbatif. Mais j'ai conscience que si je veux réellement avancer, j'ai besoin de pouvoir déchiffrer rapidement. Du coup, je vais ressortir mon vieux clavier de mes années piano. J'ai d'ailleurs tout de suite éteint les espoirs de la despote. Qui me voyait  déjà me remettre à jouer. Niet. C'est seulement pour m'en servir comme guide-chant. Bref, assurer mon oreille. Calmer mes angoisses, chaque fois que je ne suis pas sûre de la note. Calmer mon vertige, dès que je dois monter.

On s'est quittées sur un "Sois heureuse !". J'y compte bien. J'en ai assez de me poser en victime. J'ai aussi le droit de me satisfaire de ma vie.
Peu importe ce que je finirai par faire. Etre. Prof de yoga. Star du X. Ou encore éduc spé. Tant que ça me plait et que je suis heureuse. Non, je ne ferai rien de ma voix. En tout cas, rien de plus. Je ne suis pas une compétitrice. Je n'ai pas les épaules pour assumer ce genre de carrière. Ça me détruirait. Même si j'ai besoin d'un public pour donner le meilleur de moi-même. Même si je cherche à être rassurée, parfois.

Faire de la scène, c'est se mettre en danger à chaque fois. Se remettre en question. Se montrer tel que l'on est. A l'intérieur. Perdre le contrôle de ce qui sort de nous. En partie, en tout cas. Et pour le moment, j'ai encore besoin de ma carapace en Kevlar. J'ai énormément de mal à laisser passer mes émotions.
Je m'en suis rendue compte en écoutant une de mes collègues mezzo, qui chantait sans se regarder, sans barrières et complètement à nu. Et qui a réussi à m'arracher des larmes. Moi, le glaçon. Une nana réservée, qui rayonnait dès qu'elle osait ouvrir les vannes.
On en arrive à se demander à quoi nous servent tous ces remparts. Tout serait tellement moins compliqué. Sans.