Ça commençait pas trop mal.
Il n'aime pas le téléphone, moi non plus. Alors on finit par raccrocher. Et continuer à s'envoyer de longs mails. Pas pour se raconter nos vies, non. Ça, on en a un peu rien à faire. Pour parler de notre plus grande passion commune. Commenter les sitcoms des années 90. Celles qui restent gravées dans les esprits du grand public, certes. Mais surtout toute la partie underground de l'univers de Jean-Luc Azoulay. L'un de mes maitres spirituels, rien que ça. Ouais, ça en jette comme passion. Dévorante, qui plus est. On peut passer des heures à décomposer, analyser, tergiverser. Et puis, on se dit que ce serait une bonne idée de faire la même chose autour d'un bon verre de vin. Monsieur vit entouré de vignes. Monsieur que nous appellerons Cuillère. Les fans de Kaamelott comprendront peut-être. Dimanche soir, on a fait une pause après un énième visionnage du grandiose « Famille fou rire ». Forcément, c'était soir de match. J'ai hurlé à la mort, pleuré toutes les larmes de mon corps, battu le bébé dans l'eau du bain, tant qu'il était chaud. Et puis, j'en ai voulu à Chaton de ne pas être là pour partager ce douloureux moment avec moi. Va comprendre.
Je lui ai demandé ce qu'il faisait de son temps. Et particulièrement dans les jours qui arrivaient. Il s'emmerde. Il n'arrive pas à bosser sur sa thèse. Sa nana vit dans ma Natale Capitale pour son boulot. Là, normalement, si t'es bien constitué, t'as une petite lumière qui s'allume dans ton cerveau et qui estampille l'information comme « intéressante ». C'est calme plat, dans son patelin paumé au milieu de nulle part. Je lui ai dit que j'avais désormais du temps à tuer. Que j'avais besoin de l'air de la campagne pour me ressourcer, tout ça. Bref, que je débarquais. De la bonne bouffe, du bon vin et de longues soirées à refaire le monde. Le meilleur moyen de clore un chapitre.