C'est reparti comme en quarante. Les petits noms stupides, les sourires niais, les orgasmes dévastateurs, les galoches de collégiens, les paillettes dans les yeux, les hématomes, les morsures, les fous rires contagieux, les valses sur le quai du métro, les mots doux, les insultes. Y'a pas à dire. Il donne une autre dimension à ma vie. Chaton, c'est un peu comme une paire de lunettes 3D.

Chaton, c'est rien qu'un sale égoïste capricieux. Chaton, il oublie mon anniversaire mais il pense à la Saint-Valentin. Alors que moi, j'en ai juste rien à secouer. Chaton, il m'envoie un message à huit heures du mat' pour me dire qu'il est dans le train. On est en plein milieu de semaine, il est censé être dans le métro pour aller au boulot. Chaton, il me dit qu'il n'est pas assez patient pour attendre le week-end suivant. Chaton, il me dit que c'est trop risqué de me laisser plus de deux jours. Il y a trop de prédateurs autour de moi. Chaton, il me répète qu'il n'est absolument pas jaloux. Mais que quand même. Mieux vaut prévenir. Tout ça. Chaton, il a dit au monde entier qu'on été fiancés. A sa mère, genre. J'ai rappelé à Chaton que je pourrais rester fiancée toute ma vie, ça ne me poserait aucun problème. Tant que je garde la bague. Chaton, il a répondu qu'il s'en foutait. Tant que je ne me mariais pas avec un autre. La bague, elle est légèrement trop grande. Chaton, il a dit qu'il fallait une alliance pour la caler. J'ai demandé à Chaton ce qu'il pensait d'un plan à trois avec Cuillère. Chaton m'a lancé un regard noir et n'a plus parlé d'alliance.