T'hésites à attendre la fin de ton job pour faire une caricature de l'administration publique. Après avoir tapé sur le prolétariat, tu ne vois pas pourquoi tu t'abstiendrais de t'attaquer aux fonctionnaires. Tu parles d'un service public. Ouais, parce qu'une fois que t'es passée de l'autre côté du téléphone, tu comprends pourquoi tu dois attendre aussi longtemps avant d'avoir une réponse.
Tu pourras en conclure que je ne suis bien nulle part. Tu pourras aussi en conclure que je n'ai pas franchement envie de bosser. Non mais sérieusement, y'a que moi qui trouve que le monde ne tourne pas rond ?
Et là, t'as tous tes cours d'analyse des organisations, de psychologie sociale du groupe, ou encore du modèle wébérien de la bureaucratie, qui bondissent de ta mémoire. Ils n'étaient pas si enfouis que ça. Et finalement, il est resté quelque chose de tes révisions de dernière minute.
En fait, tu es de plus en plus convaincue que seule la marginalisation pourra te permettre d'être en accord avec toi-même. Parce décidément, t'y arrives pas. Arrêter de réfléchir et de te poser des questions. Faire ce qu'on te dit. Travailler pour consommer. Se lever tous les matins à pas d'heure et  rentrer tard le soir, déjeuner chez tes parents une fois par [insérer la fréquence de votre choix], attendre le week-end avec impatience, ne parler que de tes vacances avant de les prendre, ne parler que de tes vacances à ton retour, obéir à la hiérarchie, faire attention à ce que tu dis pour éviter d'être la cible de Radio Couloir. Débadger, aller faire ses courses, préparer la popote, t'engueuler avec tes gamins ou ton mec, regarder le film de vingt heures cinquante. Aller te coucher. Et réarmer ton réveil.
Ouais. Non merci.

P.-S. : Ah ouais tiens, c'est les trois ans de cette version-ci du blog. Ah ouais.