Tant qu'on est dans mon palmarès des ménages brisés, j'ai pris des nouvelles de celui de Cuillère. Et tant que j'y suis, autant que je t'explique comment j'en suis arrivée à. J'allume ma bécane. Chaton est connecté sur Squaïpe. Ah tiens. Peut-être que. Ben non. Je semble transparente. Je ne suis plus. Il n'en a rien à foutre. Au bout d'une heure à la fixer, je vois Cuillère apparaitre dans ma fenêtre. Alors forcément. Quand je suis blessée, je fais n'importe quoi. Et je mets à exécution la première mauvaise idée qui me passe par la tête. Il ne faudrait pas que je considère, ne serait-ce qu'une seconde, les émotions que je ressens. Elles n'existent pas. Et je ne veux surtout pas en entendre parler. Masque neutre, toujours et en toutes circonstances. Alors forcément, je l'appelle.

Il paraît qu'il a refait une tentative avec sa copine. Qui s'est soldée par un échec. Mais comme souvent, avec Cuillère, on ne s'éternise pas sur nos vies respectives. On préfère parler de sitcoms. Un vrai sujet de fond. Et puis de sa thèse, un peu. La soutenance approche. Je lui promets de venir le supporter avec une banderole. Tant que je peux me bourrer la gueule au traditionnel pot de thèse. Y'a pas à dire, j'suis trop une meuf sur qui on peut compter. Et puis, il finit quand même par me poser la question. Chaton. Il me répond qu'il est vraiment trop con. Qu'il sait pas ce qu'il perd. Merci, mec. Mais ça me fait une belle jambe. Et puis, il me demande ce qui me plaisait autant chez Chaton. Ce qui a fait que j'ai eu envie de retourner avec lui. Parce qu'on le sait bien, l'amour est une illusion. La baise. Évidemment. Et c'est, je crois, ce qui me manque le plus aujourd'hui. Avec Chaton, c'était l'osmose parfaite. Avec Chaton, je pouvais être totalement moi, et aller aussi loin que je le voulais. Avec Chaton, je pouvais m'abandonner. Et me prendre un pied d'enfer. C'était à la fois hyper violent, et extrêmement tendre. Et je me dis que je ne retrouverai plus jamais cette complicité sexuelle. D'ailleurs, dès que je n'ai plus été capable de lui faire confiance, la magie s'est envolée. C'est fragile, ces p'tites bêtes.
« Ah mais si j'avais su, je t'aurais retournée contre le mur ! »