Caméléon social. Débattre à bâtôns rompus sur la géopolotique du sport. Parler des heures de Joy Division, de Mike Patton, des Ramones, d'Oxmo Puccino, de Purcell ou de Satie. Me percher sur douze centimètres de talons, taper de la coke et siffler tout le champagne qui se trouve sur mon passage. Réussir à ne pas renverser ma bière tiède dans un pogo. Tenir une discussion sur les cosmétiques et le maquillage artistique. Et sur le constructivisme structuraliste. Gagner une partie de PES, terminer Assassin's Creed. Te dresser ton thème astral. Te raconter des épisodes entiers de sitcoms des années 90. Entonner l'hymne du Barça à la mi-temps.

Je trompe mon monde. Et c'est tellement facile, que ça en devient ennuyeux. Parce que mon ex-rockstar rangée des voitures, qui me prend pour une gamine qui ne connaît rien à la vie, avait les yeux écarquillés quand il m'a entendue trépigner pour le concert de Steve Vai. Parce que mon jeune cadre dynamique, amoureux de la Seine-Saint-Denis. Que nous appellerons Harry. Ceux qui ont lu Selby comprendront pourquoi. Pour les autres, c'est vraiment pas très important. Ce n'est finalement qu'un nom de code. Même si Selby, c'est bon, mangez-en. A cru que j'allais lui servir le discours bien rôdé sur la banlieue.
Parce que finalement, je suis juste très bonne en broderie. Je ne m'intéresse à rien en profondeur, mais à suffisamment de choses pour envoyer de la poudre aux yeux.