Je me suis rendu compte, en voulant scribouiller le récit du nouvel épisode, qu'il vous manquerait un épisode assez conséquent du soap de ma vie. Épisode sans lequel la compréhension du suivant serait complètement biaisée. C'est pourquoi je m'y atèle immédiatement.

Le talon d'Achille de Tarabas, c'est Chaton.
L'histoire avec Chaton était  passionnelle, fusionnelle, et totalement hors de contrôle, il faut bien le dire. In sleep he sang to meee, in dreams he caaame. That voice which calls to meee and speaks my naaaaame. Bref, tu te souviens peut-être d’avoir attrapé au vol l'information « fiançailles ». A la lecture d'anciens articles de ce blog. Il y a très longtemps. Trois ans. Oui, j'avais fini par accepter sa demande en mariage. Clairement, c'était un coup de tête. Pas une envie réelle. Et encore moins une projection. Je n'étais pas dupe, je savais qu'on fonçait dans un mur et que ça ne durerait pas. C'est comme si je n'arrivais plus à lui dire non. Il était mon héroïne. J'étais physiquement dépendante à l'effet qu'il me procurait. Autant te dire que dans ce contexte, ces « fiançailles » sont totalement insignifiantes. Elles ne veulent rien dire. Et à que je sache, on ne s'est jamais mariés. Heureusement, tu vas m'dire.

Tarabas n'aurait jamais du rien savoir de cette histoire. Il savait que je l'avais largué pour Chaton, c'était bien suffisant. Il n'a rien à savoir de ce qu'il se passe en dehors des périodes où l'on est ensemble, ça ne le concerne pas. Sauf que là, visiblement, deux ans et demi après la fin de ma relation avec Chaton, cet élément est remonté à la surface. Je ne sais pas comment il l'a appris. J'ai une petite idée, qu'il ne veut pas confirmer. Peu importe, il était au courant, et il vivait extrêmement mal le fait que j'aie accepté une forme d'engagement auprès d'un autre, que je lui ai toujours refusée. Autant habituellement, il contient très bien sa jalousie, autant ce point-là le rendait cinglé. Je peux comprendre. Il n'avait plus la certitude d'avoir une place privilégiée dans ma vie. C'est faux. Complètement faux. Mais je comprends qu'il l'ait perçu de cette manière.
On en a longuement discuté. Il a fini par accepter que je ne m'étais pas réellement engagée auprès de Chaton. Ce n'était pas un choix éclairé, je n'étais pas en possession de tous mes moyens à ce moment-là, par conséquent, l'engagement est nul. Heureusement que j'ai pu faire jouer la corde sensible du juriste qui est en lui, sinon j'sais pas comment je m'en serais sortie.

Et puis, j'ai décidé d'être transparente. Si je revoyais Chaton aujourd'hui, je ne pourrais pas lui résister. Malgré tout. C'est comme une drogue, une fois que tu y as goûté, tu as toujours tendance à y revenir. Pour dire les choses simplement, je ne suis plus sous son emprise, mais le sevrage n'est pas encore très solide. Ça viendra avec le temps, je n'ai aucun doute là-dessus. Mais à l'heure actuelle, ce n'est pas encore le cas. Une amie a comparé mon addiction à Chaton à mon addiction au fromage. Incapable de m'en passer pendant des années malgré mes convictions véganes, je n'en ai aujourd'hui plus la moindre envie. Voilà, Chaton, c'est mon camembert dégoulinant.

Je lui ai dit les choses exactement comme elles s’emboîtaient à l'intérieur de ma boite crânienne. Parce que la confiance est un paramètre fondamental de notre relation. Tarabas m'aime parce qu'il sait que je suis incapable de lui mentir. Encore moins pour le protéger, je trouve ça immonde, comme excuse. J'ai bien trop de respect pour prendre des décisions qui le concernent à sa place. Décider de le protéger sans qu'il n'en sache rien est la pire d'entre elles. Pour l'anecdote, quand j'ai vu Chaton la première fois. Extra qui frôlait les limites du contrat de fidélité que l'on avait établi, mais qui ne les dépassait pas. J'ai essayé de mettre un mouchoir sur ce que j'avais ressenti. A cette époque, ma priorité, c'était Tarabas ; je m'étais promis de tout faire pour que ça fonctionne avec lui. En vain. Lorsque j'ai revu Tarabas, il a tout de suite lu dans mon regard que j'avais effectué un virage à 180°. Je ne sais pas faire semblant, et c'est aussi pour ça que ça tient depuis tout ce temps.
Je lui ai expliqué que je n'avais plus le moindre sentiment amoureux pour Chaton. Je n'arrête jamais d'aimer les gens que j'ai aimé, mais je ne suis plus du tout amoureuse. Je suis désormais sentimentalement et émotionnellement inerte, quand je repense à cette période de ma vie. Et certainement pas nostalgique. La page d'un possible avenir est tournée définitivement. Et c'est beaucoup mieux comme ça. Pour rien au monde je n'accepterai de reprendre quoique ce soit. Oui mais voilà. C'est chimique. Si je le vois, mon corps ne sait pas lui résister. Il suffit que j'entende sa voix ne serait-ce que quelque secondes et la zone de prise de décisions de mon cerveau bascule sur off. C'est le blackout. Je lui ai dit, d'ailleurs, à Chaton, qu'il avait trouvé l'interrupteur dans mon cerveau, ça l'a fait rire. Moi beaucoup moins. C'est grisant, mais c'est franchement flippant, c't'affaire, pour la control freak que je suis.
J'ai donc expliqué à Tarabas que non, je n'étais pas amoureuse, non je n'avais plus envie qu'il se passe quoique ce soit avec Chaton, mais que mon corps n'était pas encore totalement reprogrammé. Je n'ai pas encore réussi à situer la ligne de code qui pose problème.

J'ai eu la réponse la plus étonnante de toute l'histoire des réponses. Au moins.

« Vois-le. »

Je reste interloquée.
Silence.
Il me regarde droit dans les yeux.
Silence.
Ah. Euh. Ah.

Passée la surprise, les langues ont fini par se délier. On n'allait pas rester là-dessus. J'avais besoin de comprendre ce qui le motivait.
Il préfère que je le vois, parce qu'il a l'impression de garder la main. Il ne sera jamais tranquille autrement. Il vivra dans la peur que je le croise et qu'il se passe de nouveau quelque chose. Mais autant le citer, ce sera plus explicite.

« Si vraiment tu n'as pas le moindre doute sur le fait que tes sentiments pour lui pourraient renaître de leurs cendres, alors vois-le. Couche avec lui s'il faut, mais j'ai besoin d'être sûr que tu ne me quitteras plus jamais pour lui. Et tes paroles ne suffiront pas à me rassurer. »

Ces phrases résument la raison pour laquelle Tarabas aura toujours une place particulière dans ma vie. Dans mon cœur. Dans ma tête. Dans mes tripes. C'est la seule personne avec qui la communication vient à bout de tous les conflits insolubles. On a toujours été en mesure de communiquer efficacement. Même lorsque le jeu était malsain. On n'a pas peur de parler, on n'a pas peur de dire les choses telles qu'on les ressent. Je sais qu'il n'y a rien de plus que ce qu'il me dit. Il n'a aucune idée derrière la tête. Aucune arrière-pensée. Il ne me dit pas ce que je veux entendre. Il n'a pas peur de me perdre. Et il ne me reprochera jamais d'avoir fait ce qu'il m'a proposé de faire. Il y a quelque chose de pur et d'enfantin dans notre façon de communiquer. C'est rare. C'est précieux.
C'était il y a un mois. Lors de la discussion libératrice qui nous a permis de mettre à plat toutes les forces en jeu dans notre relation. Qui nous a permis, à lui d'arrêter de me piquer en permanence, et à moi d'arrêter de culpabiliser.


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